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Nouveau classement à Saint-Emilion (4)

Par Mauss

Les choses se précipitent. A la lecture des différents documents que j'ai reçus par email, on a le sentiment diffus que cela a été fait un peu à la hussarde et sans trop de concertation pour la mise au point du règlement qui va servir d'outil à l'établissement d'une nouvelle classification d'impétrants dans l'appellation "saint-émilion grand cru".

S'il est vrai que se perdre sans arrêt entre commissions et sous-commissions est particulièrement sous-productif, il n'empêche qu'il faut éviter autant que faire se peut, de donner à quiconque de justes arguments pour des actions en justice.

A lire que si VRAIMENT ce genre de sujet vous intéresse. c'est très long et peut vite paraître ennuyeux. Sorry.

RAPPEL DE BASE

Sans entrer dans les détails historiques du Classement des Grands Crus de Saint-Emilion, on sait que lors de la dernière révision en 2006 les procédures utilisées étaient loin d'avoir été bétonnées côté impartialité et traitement uniforme de chacun. Je me souviendrai toujours de feu Monsieur Jean-Jacques Sioen, propriétaire du Château La Marzelle, me montrant copie des 3 lettres recommandées qu'il avait envoyées à qui de droit afin que l'on vienne constater de visu les travaux qu'il avait entrepris… ces trois lettres étant simplement restées sans réponse. Assez lamentable.

Nous voilà donc avec un imbroglio juridique maousse costaud, et avec une action toujours en cours au plus haut niveau juridictionnel. Mais 2012 approche à grand pas, et une sérieuse majorité de propriétés souhaite que tout soit remis sur pieds d'ici là tant on tient ici à une classification dont chacun connaît les effets ne serait-ce que sur la valeur du foncier.

Hubert de Boüard, co-propriétaire d'Angelus, a été le fer de lance, par ses fonctions au Syndicat, du texte du

"Projet de règlement concernant le classement des « Premiers Grands Crus Classés » et des « Grands Crus Classés » de l’AOC Saint-Emilion Grand Cru adopté par le Conseil d’Administration du Conseil des Vins de Saint-Emilion du 18/01/11 et approuvé par la Commission Permanente de l’INAO du 21/01/11".

On le trouvera vite sur le site de l'INAO.

On ne peut que louer ici le travail réalisé par Hubert de Bouard (plus cavalier que fantassin) pour son appellation, d'autant plus qu'il fait partie, avec la politique de marque qu'il défend avec intelligence et constance, des rares domaines dont la notoriété ne requiert pas tant que ça une confirmation par classement.

Je vous fais grâce d'une lecture particulièrement critique de ce texte, mais il faut savoir que par deux mails différents, l'un de Monsieur R. Moreaud (château Cormeil-Figeac) et l'autre de Monsieur Pierre Carle (château Croque-Michotte), il semble évident que ce texte approuvé par l'INAO souffre de sérieuses lacunes, mauvais intitulés, imprécisions pouvant donner lieu assez facilement à des actions en justice que ne manqueront pas de lancer certains propriétaires n'ayant pas la même vue des choses. En termes simples, c'est assez mal barré, et si cela reste sous cette forme, je peux imaginer que quelques noms du dessus du panier ne poseront simplement pas leur candidature tandis que d'autres acteront en justice.

LA QUESTION DE LA DEGUSTATION

On a bien compris qu'à l'INAO, on a comme souci constant de ne plus se trouver dans des situations où des personnalités sont juges et parties. Le besoin impérieux d'une totale transparence et d'une totale (autant que faire se peut) indépendance de jugement a fait que la note qui déterminera si un château entrera dans une des deux catégories ("grand cru classé" ou "premier grand cru classé") sera sensiblement fonction des résultats de dégustations portant sur plusieurs millésimes et selon des règles précises, par un jury de noms compétents, à l'aveugle.

C'est ce point que je souhaite discuter : est-il judicieux de prévoir, pour un classement de grands vins, qu'il passe par l'aléatoire (photo à un Temps T) d'une dégustation à l'aveugle, quand bien même je persiste naturellement de redire qu'il est évident que 15 grands dégustateurs ne peuvent pas se tromper en même temps, le même jour, sur un même vin. Pour autant qu'on respecte des règles rigoureuses d'organisation des dégustations comme nous l'avons explicité dans les derniers billets relatifs à la session "Lascombes".

Critiques à prendre en compte :

- relire le commentaire de Michel Bettane sur cette dernière session du GJE que je reproduis ici in extenso :

 Je voudrais écrire quelques mots sur cette dégustation en raison de l'idiotie affligeante de certains commentaires lus sur le forum LPV où l'inculture le dispute à la mauvaise foi.
1 nous avons jugé l'élite des médocs, peu de choses séparant en noblesse de terroir les seconds crus des premiers!
2 nous avons dégusté les vins en pur aveugle, ne connaissant rien de leur origine ni de leur millésime.

3 nous avons dégusté moins de 6 centilitres de chacun d'eux, ce qui est suffisant pour se faire une idée approximative du style général mais pas pour juger avec précision chacun des 19 vins. Il faudrait pour cela disposer d'une heure par vin et en boire dix à douze centilitres à table, dans des verres adaptés et pour un millésime aussi jeune après longue décantation.

4 contrairement à ce qu'on dit sans rien savoir de nombreuses dégustations en primeur se font à l'aveugle et que pour les vins dont je suis responsable pour le guide je les déguste de nombreuses fois par an avant de hiérarchiser.

5 un critique honnête déteste d'avoir à hiérarchiser : il le faut pour être utile au public et dans ce cas essayer d'être aussi équitable que possible

6 Les premiers crus du Médoc n'ont jamais été aussi bons et je mets ici tout ce que je peux savoir en balance pour affirmer une fois de plus qu'ils restent en moyenne les meilleurs vins de Bordeaux et peut être du monde lorsqu'on les boit en respectant un protocole lié à leur caractère.

7 Le protocole est simple : long vieillissement préalable (12 à 30 ans) et verres et témpérature adaptés
8 Lafite, Margaux et leurs pairs sont des vins absolument merveilleux, subtilité dans la saveur et la texture mais évidemment moins expansifs que d'autres dans leur toute jeunesse et parfois handicapés par le demi degré d'alcool inférieur que leur haute teneur en cabernet sauvignon impose en comparaison avec la plupart des autres

9 Personne n'est infaillible, ni nous les experts ni les amateurs qui croient à la notion idiote d'infaillibilité et encore moins quelques petits prétentieux du genre de ceux qui affirment que Guigal utilise 200% de bois neuf et autres gentillesses .

10 les chefs de bande boy scouts qui animent les forums sont mal placés pour donner des leçons de déontologie ou de morale, surtout quand ils jugent les terroirs de leur voiture, sans en sortir ou sont sûrs qu'il n'y a que 30 centimètres de terre à Ausone! Cela ferait bien rire l'ami Vauthier.

11 déguster au grand jury au risque permanent de se planter publiquement, ce que nous faisons régulièrement, fait partie de l'hygiène nécessaire à notre métier pour mieux l'exercer : nous connaissons mieux nos limites ou faiblesses, mais aussi en lisant certaines réactions aux résultats, nous mesurons pleinement notre utilité !

Ces points évoqués par Michel montrent avec clarté tout le côté aléatoire des dégustations, les multiples points qu'il faudrait mettre en place et respecter, et à la limite, pour assoir un classement valable, il faudrait presque prévoir de multiples "jury" (Négociants, Journalistes, Producteurs d'ailleurs, Oenologues, Grands Amateurs) et en sus, en provenance de pays différents tant il est vrai que ce n'est plus tellement chez nous qu'on boit ces crus à 3 chiffres.

Et qu'il me soit permis de citer un autre Michel (forum LPV) qui, avec un bel humour, résume un peu la problématique de la dégustation comme outil de classification :

"Tout cela est bien amusant !
D’aucuns s’accordent à dire que les notes primeurs ont peu d’intérêt, certains vins seraient quelque peu « maquillés », la plupart des dégustations ne s’effectueraient pas à l’aveugle, les meilleurs se dégustent à domicile … et puis ces vins sont loin d’être finis !

Déguster les vins après la mise en bouteille est selon d’autres une erreur car il faut bien entendu un certain temps pour que le vin se remette de sa mise.

Comparer les vins quelques années plus tard est évidemment une horrible incongruité, dans la mesure où il existe des phases de fermeture et puis certains grands vins sont de vilains petits canards que seul le temps transformera en princes charmants alors que d’autres ont l’infâme audace d’être accessibles beaucoup plus tôt. Vulgarité que l'on ne blâmera jamais assez.

Par ailleurs, comparer des vins de 10 ou 20 ans d’âge est totalement impossible, les conditions de conservation étant fondamentales !

Bref comparer ces grands vins est impossible qui plus est cela relève du sacrilège, du blasphème ! C’est mettre en cause un ordre établi par le temps. C’est vouloir se battre contre l’immuable !

Heureusement, il existe le classement de 1855 qui permet à l’amateur de s’y retrouver. Amateur qui sait que ces grandes et prestigieuses propriétés bordelaises qui surfent sur l’excellence depuis des siècles ne peuvent se tromper et qui sait bien que pour atteindre le nirvana vineux, il faut les suivre aveuglément."

Où veux-je en venir ? : Quelques considérations (comme d'hab, à discuter)

1 : en 1855, le Classement pour Napoléon III ne comprenait pas une section "dégustation", les décideurs ayant compris sagement que c'est le marché (via les prix qu'il accepte de payer) qui, in fine, fait ce classement des vins. Ils se sont contentés d'analyser les réputations, les terroirs, l'historique des propriétés, les ventes, les prix, bref tout l'environnement autour du nom qui sollicitait son intégration à l'une des 5 catégories de ce classement de 1855. 

2 : quelles que soient les procédures de dégustation que vous utilisez, que vous mettez en place, vous susciterez toujours des critiques ± justifiées comme on l'a remarquablement constaté pour notre dernière session du GJE. Alors, vous imaginez ! Si un classement commence à prendre en compte le point de vue de sages messsieurs certainement compétents mais tout autant sujets à discussions que mes zozos du GJE, on n'est pas sorti de l'auberge ! Je vois déjà foisonner des jury ici et là qui s'amuseront à refaire les mêmes dégustations et à montrer à quel point leurs points de vue sont convergents ou divergents ! On sera à Babel, sans aucun doute.

3 : depuis les années 80, le phénomène Parker a quasi institutionnalisé les dégustations "primeurs" comme outil de base pour la fixation du prix des vins entre propriétés et négoces. Oui, je sais, il y a des nuances, mais le fait est là. Comme à tort ou à raison on attribue à ce critique américain un "style" qu'il aime (brut de fonderie : une préférence pour le merlot et pour des vins ronds richement dotés), quand bien même il s'en défend régulièrement, bien des châteaux ont sensiblement modifié leurs techniques pour que fin mars de l'année suivante, leurs vins dégagent quand même un facteur chaleureux, plaisant, agréable, soyeux, rond, sexy et tous les autres adjectifs que vous avez en tête. Et il est tellement évident qu'en dehors d'une solide poignée d'amateurs, les acheteurs actuels consomment leurs achats bien plus tôt que ne le faisaient nos parents, chanoines, oncles de province ou curés de paroisses vinicoles :-)

Où veux-je en venir ? A la constatation suivante : une longue expérience (15 ans de GJE) montre à l'évidence qu'un vin qui peut bien sortir en dégustation, n'est pas forcément la bouteille qui s'alliera le mieux avec les mets d'une belle table, ce qui reste quand même le but final d'un vin :

créer une belle convivialité entre amateurs et donner aux mets une saveur, une expression supplémentaire.

En d'autres termes, il faudrait que les dégustations de ces Jury du Règlement proposé se fassent à table pour rester dans la véritable destination d'un vin. 

4 : s'il est vrai que depuis 1855, la valeur réelle d'un cru bordelais, à ne prendre en  compte qu'un seul critère, était liée plus ou moins fortement et avec plusieurs taux de viscosité possible, à son prix sur le marché, depuis l'arrivée de la Chine sur le marché des acheteurs, les choses sont plus compliquées que cela. Une solution brutale serait d'écarter purement et simplement les valeurs de Lafite, Carruades et autres crus des Barons tant il est vrai qu'il n'y a plus d'adéquation entre le prix et la valeur du contenu, aussi excellent soit-il. Relire nos papiers sur cette notion de "marque" qui va pénétrer de plus en plus le marché des grands noms du vin.

CONCLUSION

Bon, tout ceci mérite largement des discussions, des échanges d'opinions, des poids relatifs à mettre ici et là, mais disons qu'aujourd'hui, je suis plutôt favorable à simplement ne pas prévoir de dégustations comme élément à apporter au classement final qui devrait, en grande sagesse, dépendre simplement d'un dossier complet que de sages personnalités ont déjà explicité ici ou là, et en prenant bien soin à ce que ce dossier soit totalement inattaquable, c'est à dire particulièrement clair sur les pièces à présenter et le poids à donner à chacune dans la note finale.

A suivre…

hubert

Eric Rousseau et Hubert de Boüard au WWS à Villa d'Este

PJ : le projet officiel

REGLEMENT CONCERNANT LE CLASSEMENT DES « PREMIERS GRANDS CRUS CLASSES »

ET DES « GRANDS CRUS CLASSES »


DE L’APPELLATION CONTROLEE « SAINT- EMILION GRAND CRU »

Article 1er

Conformément aux dispositions du 2° du point XII du chapitre 1er du cahier des charges de l’appellation « Saint-Emilion grand cru » homologué par décret n° 2009-1274 du 20 octobre 2009 concernant l’appellation « Saint-Emilion grand cru », le présent règlement a pour objet de fixer les conditions requises pour pouvoir bénéficier de la mention « grand cru classé » ou « premier grand cru classé ».

Il est procédé à un nouveau classement des exploitations viticoles, conformément au présent règlement, à compter de la récolte 2012. Le classement est valable pour dix ans à compter de la publication de l’arrêté d’homologation.

Article 2 Commission de classement des crus classés de l’appellation « Saint-Emilion grand cru »

Une commission de 7 membres dite « commission de classement des crus classés de l’appellation Saint-Emilion grand cru », est nommée par le Comité National des appellations d’origine relatives aux vins et aux boissons alcoolisées, et des eaux-de-vie de l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO), ou par délégation par sa commission permanente. Les membres composant cette commission sont soit des membres du comité national soit des personnalités extérieures choisies en fonction de leur compétence.

Cette commission est chargée d’organiser les travaux liés au classement et de proposer au Comité national des appellations d’origine relatives aux vins et aux boissons alcoolisées, et des eaux-de-vie la liste des grands crus classés et des premiers grands crus classés en vue de son approbation par ledit comité, et avant homologation par arrêté conjoint des ministres chargés de l’agriculture et de la consommation.

Le Président de la commission de classement est nommé par le Comité national susvisé. Les membres de la Commission n’ont pas d’intérêts directs audit classement. Les décisions de la commission ne peuvent être prises que si au moins 5 de ses membres sont présents.

La commission de classement fonctionne selon les règles applicables aux commissions d’enquête fixées dans l’article 3 du règlement intérieur de l’INAO. Elle peut déléguer certains de ses membres, au nombre de deux au minimum, pour la réalisation de contrôles sur place.

La mission de la Commission de classement prend fin à la date d’homologation du classement.

Article 3 Dépôt des candidatures

Tout propriétaire ou toute personne habilitée à cet effet par le propriétaire faisant acte de candidature doit déposer un dossier auprès du site de Bordeaux de l’Institut National de l’Origine et de la Qualité.

Ne sont examinées en premier grand cru classé (1er GCC) que les candidatures des exploitations admises en grand cru classé et sous réserve du dépôt initial d’une candidature en premier GCC.

Le dépôt d’une candidature est soumis au paiement de frais de dossier et de procédure dont le montant est fixé par le directeur de l’INAO, dans le respect de la politique tarifaire déterminée par le conseil permanent de l’INAO conformément à l’article R.642-30 du code rural et de la pêche maritime.

Les intéressés sont informés de la date limite du dépôt des candidatures et du montant des frais de dossier :

- par voie d’affichage dans les neuf mairies de l’aire géographique de l’appellation d’origine, - par avis dans le recueil des actes administratifs de la Préfecture de Gironde, - par voie de presse locale, - par consultation du site Internet de l’INAO

Article 4 Composition du dossier

L’acte de candidature doit être accompagné:

- d’un inventaire de l’assiette foncière actuelle de l’exploitation ainsi que des modifications qui y ont été éventuellement apportées lors des dix dernières années, et du descriptif des terroirs concernés ; - d’un engagement à ne pas modifier pendant les 10 années à venir, sans demande motivée ayant reçu l’accord du Comité national des appellations d’origine relatives aux vins et aux boissons alcoolisées, et des eaux-de-vie de l’Institut National de l’Origine et de la Qualité, l’assiette foncière du vignoble dont sont issus les vins présentés sous le nom du cru classé ;

-   detoutdocumentjustifiantla  notoriétédel’ exploitation,lesmodes  dedistributiondes  vins,les  prixde commercialisation constatés et les cotations, le dossier de presse, les actions de promotion, les actions liées à l’oenotourisme, la mise en valeur du site et l’accessibilité des installations au public ;

- des volumes produits ou commercialisés en appellation d’origine « Saint-Emilion grand cru » par marque attachée à l’exploitation ;

- des facteurs techniques comprenant un descriptif des chais, des méthodes culturales et des mesures environnementales de l’exploitation ;

- d’un chèque correspondant au montant des frais de dossier, libellé au nom de l'Agent Comptable de l'INAO.

Article 5 Conditions d’admissibilité de la candidature

Le dossier comporte au minimum les éléments listés à l’article 4.

Les exploitations pour lesquelles une candidature a été déposée doivent en outre remplir les conditions suivantes:

- répondre au cours des 10 dernières années pour les GCC et des 15 dernières années pour les premiers GCC à une utilisation régulière du nom du cru pour lequel le classement est revendiqué, sauf demande motivée ayant reçu l’accord du Comité national des appellations d’origine relatives aux vins et aux boissons alcoolisées, et des eaux-de-vie de l’Institut National de l’Origine et de la Qualité

- avoir produit durant cette période sous le nom du cru revendiqué un minimum de 50% en moyenne des vins issus de l’assiette foncière figurant dans le dossier de candidature ;

- avoir des chais exclusivement réservés à la vinification et à l’élevage des vins issus de l’assiette foncière précitée au titre du classement ;

- mettre les vins en bouteilles dans l’exploitation.

La vérification des conditions d’admissibilité est effectuée par les services de l’Institut National de l’Origine et de la Qualité.

Si ces derniers estiment que ces conditions ne sont pas réunies, ils en informent les candidats qui disposent d’un délai d’un mois à compter de la réception du courrier de l’INAO pour présenter leurs observations ou compléter leur dossier. A l’issue de ce délai, la décision de l’INAO leur est notifiée.

Article 6 Examen des candidatures

La commission dispose des dossiers et des échantillons des vins des candidats.

Les échantillons sont conservés sous la responsabilité de l’INAO dans un local sécurisé et climatisé.

Le choix des millésimes prélevés, identiques pour tous les candidats, est laissé à l'appréciation de la Commission, sur une période maximale des dix dernières années pour les candidats en grand cru classé et des quinze dernières années pour les premiers grands crus classés. Tous les millésimes prélevés sont disponibles en bouteilles chez les candidats.

La commission se réserve la possibilité de vérifier la traçabilité des échantillons notamment en faisant réaliser des contrôles analytiques à partir de prélèvements sur les lieux de vente. Elle peut demander aux services de l’Institut National de l’Origine et de la Qualité, à l’ODG, au candidat ou à toute autre personne intéressée tous renseignements complémentaires qu’elle juge utiles.

Les critères et pondérations retenus par la commission pour fixer la note des candidats sont les suivants : - Pour la mention « grand cru classé » :

-   1 - niveau de qualité et constance des vins appréciés par dégustation des échantillons (50% de la note finale) ;

-   2 - notoriété appréciée au regard de la valorisation nationale ou internationale du vin de l’exploitation, de la mise

en valeur du site, de la promotion et des modes de distribution (20% de la note finale) ;

-   3 - caractérisation de l’exploitation appréciée à partir de l’assiette foncière, de l’homogénéité de ou des entités

culturales et de l’analyse topographique et géo-pédologique (20% de la note finale) ;

-   4 - conduite de l’exploitation tant sur le plan viticole que sur celui de l’œnologie appréciée en tenant compte de

l’encépagement, de la structuration et de la conduite du vignoble, de la traçabilité parcellaire en vinification et des conditions de vinification et d’élevage (10% de la note finale) ;

Tout candidat dont la note finale est supérieure ou égale à 14 sur 20 est proposé au classement « Grand Cru Classé »

- Pour la mention « premier grand cru classé »:

-   1 - niveau de qualité et constance des vins appréciés à partir de l’excellence des résultats de la dégustation et de l’aptitude au vieillissement (30 % de la note finale) ;

-   2 - notoriété appréciée au regard de la valorisation nationale et internationale du vin de l’exploitation et de la mise en valeur exceptionnelle du site (35% de la note finale) ;

-   3 - caractérisation de l’exploitation appréciée à partir de l’assiette foncière, de l’homogénéité de ou des entités culturales et de l’analyse topographique et géo-pédologique (30% de la note finale) ;

-   4 - conduite de l’exploitation tant sur le plan viticole que sur celui de l’œnologie appréciée en tenant compte de l’encépagement, de la structuration et de la conduite du vignoble, de la traçabilité parcellaire en vinification et des conditions de vinification et d’élevage (5% de la note finale) ;

Tout candidat dont la note finale est supérieure ou égale à 16 sur 20 est proposé au classement « Premier Grand Cru Classé ».

La commission peut décerner des distinctions ( A et B) aux vins proposés pour la mention « premier grand cru classé » compte tenu de leur notoriété et de leur aptitude au vieillissement.

Cette commission s’appuie notamment sur les travaux d’un ou plusieurs organismes tiers et indépendant(s) en charge respectivement d’une part de l’organisation de la dégustation des vins prélevés et d’autre part d’assister la Commission, à sa demande, notamment pour effectuer des contrôles sur pièces et sur place ; cet / ces organisme(s) tiers est/sont désigné(s) par le directeur de l’INAO. Cet / ces organisme(s) réalise(nt) ses/leurs travaux en partenariat avec les services de l’INAO. La dégustation des vins est assurée par un jury de dégustateurs-experts désigné par l’organisme tiers en charge de l’organisation de la dégustation.

Article 7 : Notification des résultats et recours

Les propositions de la commission de classement visée à l’article 2 sont adressées aux candidats par les services de l’INAO. Les candidats disposent d’un délai de quinze jours à compter de la notification pour solliciter un nouvel examen de leur dossier, sans toutefois que les vins ne soient dégustés une nouvelle fois. Ils peuvent, à leur demande, être entendus par la commission.

La commission de classement statue dans un délai de quarante-cinq jours à compter de la réception de la demande de réexamen.

Les propositions finales de la commission de classement sont soumises au Comité national des appellations d’origine relatives aux vins et aux boissons alcoolisées, et des eaux-de-vie, en vue de leur approbation.

La liste des grands crus classés et des premiers grands crus classés approuvée par ledit Comité est transmise aux ministres chargés de l’agriculture et de la consommation en vue de son homologation par arrêté.


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