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En attendant Joachim...

Par Olif

côtes du jura,rotalier,ganevat

Le 15 décembre 2011, dans la Combe de Rotalier, en attendant le passage de la tempête Joachim, personne ne vous entendra crier. Gros coup de vent annoncé, neige en moyenne montagne, faudrait pourtant pas trop tarder à rentrer, avant que les routes de montagne ne deviennent impraticables. Advienne que pourra! Difficile de faire court, quand il s'agit de déguster en compagnie de Fanfan Ganevat. Pas la peine de mettre un pied dans la Combe si t'es pressé. Parce qu'il est dur de ne pas goûter à tout, ou presque. Quand la pipette commence à chauffer dans les mains de Fanfan, elle ne s'arrête plus. D'autant plus que le millésime 2011 s'annonce "de toute beauté". Qualité, comme d'habitude, et quantité, enfin un peu plus que d'habitude. Mais des vins qui ne seront pas forcément plus faciles à trouver, tant la demande est ici pressante. Pour preuve, l'allocation à destination de la Belgique a été considérablement réduite. Le marché chinois se serait-il déjà positionné?

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Podverdeke! Évidemment que c'est une zwanze, une fois! Je ne voudrais pas me fâcher avec mes amis Belges. La vraie commande est là, et c'est un complément, je sais que certains ont déjà été servis.

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Mais, après l'inspection des bordereaux d'expédition, le plus important restait à faire. Goûter à un ou deux vins, en commençant par le poupin 2011, toujours dans son couffin. Rien que du fruit pour se faire la bouche. Pas la peine d'essayer de nous rouler dans l'enfariné, Fanfan, il est clair qu'il n'y a pas que du chardonnay dans cette cuvée. Mais aussi quelques grains de ce vieux cépage honni, dont il reste quelques pieds de ci de là, et dont l'immense mérite est d'apporter de l'acidité et de la fraîcheur là où il en faut.

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Depuis qu'il est devenu héros de papier, dans la bande dessinée d'Étienne Davodeau, Fanfan donne dans le phylactère. Il fait aussi des bulles, à l'occasion, mais celles-ci se boivent, quand elles ne vous explosent pas à la figure. Quant aux autres blancs 2011 ils sont déjà quasiment tous au propre et au clair, ce qui n'est pas habituel à cette saison. Grusse en Billat, Chalasses, Grands Teppes goutent déjà bien, chacun dans leur style. L'effet terroir est désormais imparable, y compris sur En Billat, qui ne possède pas le même passé biodynamique que les deux terroirs vedettes de Chalasses et Grands Teppes.

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2011, grand millésime en perspective, en rouge notamment, avec un jus de trousseau somptueux, couleur groseille. Petit degré, grande buvabilité, caractère épicé et tanins juteux. À se demander s'il ne faudrait pas le mettre en bouteilles dès maintenant... Le pinot noir Julien Chalasses goûte curieusement comme un beau grenache, tandis que le fût de En Billat pinote joliment. L'assemblage des deux devrait faire fureur, à la mise.

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2011 supérieur à 2010? J'en ai bien peur. Pourtant, la barre a été placée haut. Éloquent tour de caves, avec des vins qui se présentent sous un jour très séducteur, même à la tombée de la nuit. Les Chalasses remportent la palme, avec des VV 1949 radieuses et des Marnes bleues qui transcendent le savagnin. De très grandes bouteilles en perspective pour l'année prochaine. Ce n'est certainement pas Schiste, le braque de Weimar un peu fou, qui dira le contraire. Hein, Roger?

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Et puis, cet exceptionnel et ultra-confidentiel Jaune 2003, qui vient d'être soutiré et qui devrait être mis en clavelin prochainement. Un nez oxydatif exponentiel au dessus de la cuve et une bouche nette, ronde et fruitée, du concentré de sotolon qui éclipse totalement l'éthanal. Et enfin ces deux petites douceurs extraordinaires dont il vaut mieux ne pas parler, tant il y en aura peu. Équilibres de fou pour des vins passerillés, avec une acidité phénoménale qui laisse glisser fraichement mais voluptueusement la grande concentration et la richesse en sucre.

Il fallait rentrer avant la tempête, mais Joachim a pris son temps. Nous aussi, du coup, on n'allait pas passer en coup de vent. Autour d'un casse-croûte improvisé mais bien garni, Chalasses et Grands Teppes 2009 se sont invités à table, rapidement suivis par les rouges 2010, Julien un cran au-dessus des autres, très certainement. Et puis, avec le dessert, un verre de Kriek Lambic Cantillon, c'est bien que les échanges jurassico-belges fonctionnent dans les deux sens. Bon, cette fois, il faut vraiment y aller. Bye la Combe, on y reviendra avec plaisir quand les jours seront plus calmes et plus longs.

Olif


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