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Grappillages 2014 (3)

Par Mauss

Jamais les vignobles n'ont attendu les "SAINTS DE GLACE" (ICI) avec autant d'attention anxieuse, eu égard à l'évolution rapide de la vigne suivant un hiver si pluvieux et si doux.

Et avec ce contraste actuel où s'opposent des niveaux de production en 2013 largement en retrait des chiffres habituels (donc moins de revenus) avec quand même des marchés nouveaux où la demande de vins européens reste solide et croissante. Nettoyage des stocks ? Probable, mais certainement insuffisant.

Bref : un mauvais moment à passer où chaque région devra investir pour se faire mieux connaître et développer une fidélité de clientèle sans oublier de pratiquer une politique de prix qui soit en phase, à tout le moins en Europe et aux USA, avec les attentes des amateurs.

LES PRIMEURS A BORDEAUX

Comme d'habitude, l'UGCB prend en charge avec un logistique bien complexe (merci Monsieur Guiraud) les déplacements de centaines de journalistes venant du monde entier pour déguster les 2013 et souvent des millésimes antérieurs, alors même que beaucoup de propriétés ne faisant pas partie de cette UNION DES GRANDS CRUS DE BORDEAUX en profitent pour des portes ouvertes où ils ont l'occasion unique de se faire mieux connaître à un coût largement supportable.

On a même des producteurs d'ailleurs qui viennent à Bordeaux pour séduire ces journalistes asiatiques, indiens, américains et autres.

Le challenge de cette année sera naturellement de savoir juger sur pièce en mettant de côté les rumeurs de tel ou tel type. Gageons qu'il y aura quelques pointures qui sauront, comme ce fut le cas pour le 1997, le 2007 ou même le 2008, identifier les crus qui méritent attention. Sur les 100.000 et quelques hectares de cette Aquitaine du vin, il y a eu quand même bien des propriétés qui ont pu faire des vendanges de qualité.

Il faudra suivre particulièrement les pro qui ne se contentent pas d'une seule dégustation d'un vin, mais y reviennent une deuxième, voir une troisième fois tant il est vrai que ces vins en primeurs peuvent évoluer sensiblement d'un échantillon à l'autre, d'un jour à l'autre. Michel Bettane fait partie de ceux là.

Parker passera normalement plus tard. Mais on attend les notes et commentaires de Neal Martin qui travaille toujours dans ce Groupe, et d'Antonio Galloni, qui est maintenant à son compte et qui vient déguster à Bordeaux pour la première fois. Gageons que nos amis d'outre-atlantique vont prendre un plaisir coquin à comparer les notes de ces trois pointures américaines.

Le GJE quant à lui, va déguster - c'est devenu une tradition - les vins du GRAND CERCLE, millésime 2010 pour les rouges et millésime 2011 ou 12 pour les blancs. Un grand merci au Château La Dauphine qui nous ouvre ses portes à cette occasion et nous reçoit superbement. 

DEGUSTATIONS RECENTES

Deux belles découvertes : Le Rival du château Croix du Rival en AOC Lussac St Emilion. Infime production de quelques 10.000 bouteilles, mais un vin nettement supérieur, qualitativement parlant, à cette appellation satellite de St Emilion. Sûr qu'on en parlera ici ou là très rapidement.

Un chouilla en dessous : "Château Soleil" en Puisseguin. Là encore un cru, comme le Haut-Carles d'AOC Fronsac qui est pénalisé par la réputation secondaire de son appellation, tant il est vrai que bien des amateurs ont des a priori un peu stupides sur bien des AOC bordelaises qui produisent quand même quelques joyaux. Un exemple d'une réussite sous cet aspect : le Roc de Cambes du très discret François Mitjavile en côtes de bourg.

Une confirmation :

Domaine de Chevalier en blanc, millésime 1984. 30 ans et une jeunesse confondante. Il y a vraiment, en matière de bordeaux blancs, deux types de vins : 

- ceux qui explosent de puissance, de complexité, de richesse, et vous éblouissent dans les jeunes années

- et quelques très rares comme celui-ci et Haut-Brion, Mission HB, anciens Laville HB qui sont bien plus discrets à leur naissance mais lesquels, avec le temps, développent une harmonie, une finesse, une élégance de référence. Des joyaux.

En rouge, le 2006 du Domaine se déguste avec une facilité confondante, tanins fondus, plénitude en bouche, finale de propreté exemplaire. Sûr : le potentiel de vieillissement est là mais à 8 ans, ce gamin vous offre déjà de belles choses.

J'ai déjà parlé de la classe supérieure de Haut-Carles 2005, un fronsac pouvant très largement s'aligner sur plus d'un classé en dégustation aveugle, et depuis, la dégustation du 2010 et 2011 est une preuve évidente que cette propriété fait partie des noms à retenir quand on s'intéresse à Bordeaux. 

Deux sommets au Laurent :

- Clos Sainte Hune 1998. Quelle beauté ! Comment ne peut-on pas aimer le riesling quand il atteint de tels niveaux d'émotion ? Commence légèrement à "pétroler" (ce que j'adore alors que bien des amateurs n'aiment pas, je sais), et vous avez en bouche une fraîcheur, une explosion qui le font entrer dans les vins qu'on ne commente pas tant les mots pour le décrire deviennent insignifiants et pauvres. Un chef d'oeuvre.

- Ausone 2001. Nos invités méritaient ce sommet de saint-émilion. Là encore un vin qui vous laisse "speechless". Comment va évoluer un tel cru ? Vers quelle typologie d'arômes : secondaires, tertiaires ou toujours ce fruit remarquable qui plaît tant ? Va savoir, Charles ! Mais tel qu'il est actuellement, faut pas se gêner ! Une émotion niveau ***. Faire gaffe : une bouteille pour 4, c'est limite… Prévoir une petite soeur :-)

Ce qui ne m'empêchera pas de redire et redire une affection indéfectible  pour la "Première Vendange" de Marionnet ou le Côte du Py de Burgaud… mais aussi le Clos de la Roilette (Coudert) dont on ne peut avoir honte de lui faire un juste sort à deux convives. Si ce vin du beaujolais ne vous procure aucun plaisir, il n'est que temps de consulter : vous avez un grave problème perso !

WEB VINS

A côté d'une belle verticale de Daumas Gassac avec un Père Guibert toujours en forme (ICI) on écoutera attentivement un point de vue qui se rapproche beaucoup de nos vues sur le monde des vignerons : ICI

Maria Teresa Mascarello (un sourire magique) partage avec Jean-François Coche Dury ce souci de tranquillité  qui fait que ni l'une ni l'autre n'ont besoin d'internet ou de je ne sais quoi de moderne pour continuer à dire "non, y a plus" aux inconscients qui viennent frapper à la porte de leur domaine à taille humaine. Frustrant, je vous dis.

On verra aussi chez Nicolas de Rouyn la nouvelle bouteille Lalique de Silvio Denz pour son cru racheté en sauternais : ICI

Ce qui me rappelle d'aller déguster son nouveau vin magique, créé avec Peter Sissek, Château Rocheyron. L'an dernier, ce fut la découverte du millésime. Plus atypique dans le beau, tu peux pas.

Enfin, pour les chauds du cerveau qui aiment les combats homériques autour de la bio et autres, lire les extensions sur ce sujet débattu ici récemment sur le forum LPV : ICI

Faut suivre : pas évident :-)

LECTURES

Les Tintinophiles sont informés de la sortie d'un petit joyau : "La Malédiction de Rascar Capac"  chez Casterman. En ouvrant ce bel ouvrage, des bouffées de jeunesse vont vous envahir. Emouvant et remarquablement construit.

En page de droite, les images du Mystère des boules de cristal et en page de gauche, des notes et des commentaires passionnants.

Je me dois également de citer ici le dernier GUIDE DES MILLESIMES qui est à l'intérieur du dernier n° de la RVF. Ma foi, c'est bien la première fois que cette présentation nouvelle (à vérifier) est véritablement un outil qu'on peut garder en poche. Non seulement il y a la note, le temps de garde, mais surtout - bien écrits - les points forts et les points faibles. Bravo pour ce travail.

On lira aussi avec attention, page 138 du Fig Mag, les commentaires du sympathique Emmanuel Cruse (Château d'Issan) qui explique son point de vue sur la politique des prix des grands bordeaux. Je cite :

"Les grands crus méritent qu'on comprenne le positionnement de leur prix".

Certes, on est tous d'accord pour dire qu'un prestige historique peut participer à la construction d'un prix, encore faut-il ne jamais oublier qu'on boit un vin et pas seulement son étiquette. Dans le monde concurrentiel qui est le nôtre, cela ne suffit plus. Les amateurs savent comparer, déguster et ont moins de scrupules que par le passé à changer de régions s'ils estiment ne pas être dans de corrects RQP.

MUSIQUE

Bien heureux qu'enfin Monsieur Bernard Magrez a accepté de prêter son violon historique à Nicolas Dautricourt qui en rêvait depuis x temps. Je ne sais s'il l'aura encore pour ses prestations à Villa d'Este pour notre prochaine édition, mais si c'est le cas, avec Maurizio Baglini sur le Fazioli et son épouse Silvia Chiesa au violoncelle, on aura des moments d'exception.

Cela me fait penser que bientôt sieur Magrez ouvrira à Bordeaux un nouveau restaurant de l'équipe Robuchon. On vous dira tout.

CUISINE

Pour ceux qui vont venir à Bordeaux, le choix est simplissime :

Le Bonheur du Palais pour une cuisine chinoise d'exception et une carte des vins où vous avez du grand

L'Univerre qu'on va investir à plusieurs reprises avec nos romanéens et autres GJE tant il est impératif, pour cette cave unique en France, d'être un petit nombre, histoire de justifier l'ouverture de topettes venant d'un peu partout et proposées ici à des prix que vos épouses respectives accepteront sans problème… surtout si elles sont de la partie :-)

EVENEMENTS

Qu'il me soit permis de citer ici des soirées spéciales organisées par Dame Linda Grabe, qui a travaillé avec le GJE, dont on trouvera les propositions ICI .

Une verticale du Clos des Lambrays le 29 avril devrait attirer du monde. Ne pas oublier que ce sera aussi la date de la vente aux enchères au Bristol, par Christie's, des vins offerts pour cette opération de solidarité avec les grêlés de l'an dernier en bordelais.

TV : HOUSE OF CARDS

Je n'y peux mais, mais Kevin Spacey, pour bibi, c'est du tout bon. Et comme certaines impatiences font partie de mes qualités, j'ai pu visionner les 14 épisodes de la saison 2. Bon, un Président des USA un peu marionnette manipulé, un VP auprès de qui les légions de Lucifer font bonnes oeuvres, et quelques autres facilités, cette série démontre assez bien comment peut fonctionner la Maison Blanche et ses luttes internes pour le pouvoir.

On appréciera aussi le travail des agents de sécurité, les décors copie conforme, et ce sens du suspens alors même que tous les épisodes ne sont pas du même réalisateur. Il doit y avoir derrière ces séries cultes un travail maousse costaud !

On y apprend surtout que la presse, ce fameux quatrième pouvoir, est là-bas un digne successeur de l'Inquisition… pour autant que celle-ci ne se soit pas fourvoyée dans la honte totale des vilenies qu'ont bien trop facilement alimentées des fanatismes religieux. 

Nos Elkabbach français sont de doux agneaux : on se les garde ou on les morigène ?

Mais de quoi je me mêle… :-)


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