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On revient au vin

Par Mauss

Comme tout secteur économique, le vin connaît ses hauts et ses bas.

Ces derniers jours, la grêle a frappé durement Volnay et Pommard, et pour la troisième année consécutive. Cette absence de vins et de revenus pour bien des petits producteurs est dramatique. Elle rappelle un principe souvent répété par les anciens : pouvoir tenir trois années sans récolte !

Et maintenant, on apprend que c'est le minervois qui est touché. Si les canons anti-grêle ne sont pas suffisants, reste la solution des filets : mais là, pour le moment, le coût en est prohibitif, et les assurances ne couvrent plus suffisamment, à coût acceptable, les pertes de revenu.

On a aussi les drames des personnalités connues qui disparaissent subitement. Ainsi chez Faller avec le décès de Laurence Faller (Domaine Weinbach) et en Allemagne celui de Bernhard Huber, un très grand producteur dont les crus en rouge ont bluffé le GJE et qui a montré depuis plusieurs millésimes que son pays était capable de produire des "spätburgunder" (Pinot Noir) au niveau des grands bourgognes de la Côte de Nuits.

Cet homme qu'on a pas suffisamment connu, comme Jean-Claude Vrinat il y a quelques années, a tenu à avertir ses amis de son cancer et a tout mis en place pour que sa famille continue son oeuvre de qualité. Cette noblesse devant cette maladie, ce souci de dignité et d'humanité sont à la hauteur de ce qu'ils ont réussi dans leur vie.

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A Villa d'Este, en discussion avec Jean-Nicolas Méo

Pour revenir au Minervois, une région que je ne connais que trop peu, j'ai des amis luxembourgeois, passionnés par le vin, qui ont sauté le pas et qui ont créé une belle propriété, le Domaine de Cantaussel : ICI .

Je ne sais s'ils ont été touchés par la grêle mais voilà une propriété, membre des VIGNERON INDEPENDANT, qui mérite d'être connue. Non seulement les vins sont proposés à des prix plus que doux - entre € 6 et € 15 selon les cuvées - mais l'expérience que j'ai d'anciens millésimes dénote de réelles qualités, notamment sur le carignan et les syrahs. Si vos vacances vous drainent vers ce midi du soleil, faites un saut à Cantaussel.

J'aurai toujours de l'admiration pour ces passionnés du vin qui se lancent dans l'aventure du vin, sachant combien entre le rêve et les réalités, il y a pas mal d'épreuves à surmonter.

LECTURES

J'ai déjà évoqué le dernier n° de la superbe revue THE WORLD OF FINE WINE (n° 44) qui a trouvé un nouveau propriétaire plus familier avec le monde de la presse et donc l'avenir paraît plus certain, tant il est vrai que gagner de l'argent avec ce type de revue, ce n'est pas du tout évident. Là aussi, c'est un domaine où la passion permet de passer outre à des exigences financières qui seraient prioritaires.

Certes, c'est en anglais et bien des signatures ont été éduquées à l'aune du point de vue anglo-saxon, version Royaume-Uni.

Il n'empêche : oublions Jeanne d'Arc quelques instants et louons de remarquables études comme celle d'Andrew Jefford sur les vins "nature".

Et un grand chapeau bas à Neil Beckett qui a tenu à bout de bras cette revue qui doit nourrir toute bibliothèque sérieuse de l'oenophile, du n° 1 à ce n° 44. Il sera présent à Villa d'Este avec Hugh Johnson et gageons que notre événement recevra enfin du monde de la presse l'intérêt qu'il mérite.

Je reçois aussi ce jour la nouvelle présentation de la revue ANTHOCYANES (trimestrielle) dont la présentation quasi monacale est très largement compensée par un contenu intéressant. Certes ce n° 13 est entièrement consacré aux bordeaux, primeurs 2013 et 2010 du GRAND CERCLE.

La présentation est claire, par AOC, et on ne trouve pas trop de commentaires "langue de bois". Ce qui veut dire que l'amateur peut trouver des crus qui correspondent à sa vue des choses.

Maintenant : est-il vraiment nécessaire, pour chaque cru, d'annoncer les composants de l'assemblage avec les pourcentages ? Je ne vois pas trop en quoi une telle information - qui prend de la place - peut donner à l'amateur de base comme bibi des clés de compréhension. Car chacun sait, peu ou prou, que le merlot, c'est doux et rond, que le cabernet apporte structure et longévité, et le petit verdot, le coquin caché ici et là, un petit plus éngimatique qui donne une poésie à cette énumération chiffrée.

Mais je chipote :-)

Un tout bon point : pas de notation sur 10 ou 20 ou 100. Le commentaire avant tout. A chacun de vérifier comment son propre goût se mesure par rapport à celui de l'auteur.

NOUVELLE

Passant avenue Franklin Roosevelt à Paris, imposant panneau couvrant des travaux au n° 31 où la société Clarence Dillon, propriétaire de Haut-Brion, La Mission Haut-Brion, Quintus, annonce la création d'un ensemble de salons et un restaurant où seront proposés - mais pas uniquement - les vins de ces domaines qu'on pourra acquérir dans la boutique qui sera incluse dans cet ancien Hôtel particulier parisien. Ouverture prévue en 2015. ICI

Ce sera clairement un superbe outil de communication, dans une ville où une clientèle internationale d'amateurs est friande de tels endroits pour mieux connaître des crus qu'ils ne fréquentent que par étiquette interposée.

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Le futur Hôtel Dillon

Bernard Magrez a été un peu un initiateur de la chose en ouvrant une boutique où non seulement on vend ses vins mais où on peut organiser des soirées de dégustation.

De plus en plus, on est informé ainsi de cavistes qui vont au-delà des simples ventes et animent régulièrement des soirées découvertes, comme le fait LAVINIA avec Burtschy et Le Figaro.

A un moment où un Laurent Fabius a voulu - et reçu - la direction du tourisme, en ayant bien compris l'importance de l'oenotourisme, la France a là une carte à jouer et il ne faut pas la manquer !

Il y en a, parmi nos lecteurs, des zeus pour qui le mot vacances a un sens :-)

A ceux-là, je les souhaite relax avant tout, en gardant toujours une curiosité pour les belles choses, en n'oubliant pas de mettre dans leur smartphone l'application ViVino et nous donner, à leur retour, quelques surprises de découvertes vineuses.

Si le Beau Ténébreux soutient fermement David Cobbold qui morigène (ICI) la passion excessive des rosés et prend une belle défense de beaux blancs, n'oublions pas, effectivement, de taster très régulièrement nos beaux vins d'Alsace qui offrent, pour les plus intéressants riesling, des fraîcheurs en bouche indispensables à notre équilibre d'oenophile exigeant !

Il fallait que cela soit dit ! :-)

drgy

Plaisir de l'oeil


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