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Aujourd'hui, j'ai testé –FRAME Brasserie

Par Ajdjaiteste

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Monsieur et moi voulions nous faire plaisir, alors je l’ai amené chez FRAME. C’est Maman qui m’a fait découvrir il y a quelques semaines (merci encore !) ce nouveau-né parisien. J’ai tellement adoré que j’ai voulu renouveler l’expérience, la partager avec Monsieur, à qui cette cuisine allait aussi –forcément– parler.

FRAME, c’est la contraction de FRAnce et AMErica.
FRAME, c’est un petit bout de Californie en plein Paris, c’est le restaurant qui vient enfin apporter du nouveau sur la scène gastronomique de la capitale.
FRAME, c’est une élégante et pourtant décontractée initiation au voyage.

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On vous reçoit avec un petit mot en anglais ; on vous place, à votre convenance, sur la terrasse avec vue sur la Tour Eiffel qui s’impose à quelques mètres, ou dans l’immense salle aux baies vitrées. Il paraît que vous pouvez opter pour une table, pour le bar ou pour une place autour de la cuisine ouverte –je n’ai pas eu ce choix mais je garde en tête ces alternatives, pour la prochaine fois.

La déco, signée Christophe Pillet, est elle aussi évocatrice : les volumes, les plantes, la luminosité nous transportent sur la côte ouest. Le designer se ré-approprie les tendances des années 60 ; on retrouve dans la vaisselle et le mobilier –masculins, volontairement disproportionnés– d’élégants contrastes dans les formes et les couleurs. Un univers très éloigné du mien et qui m’a pourtant complètement séduite dès le premier regard. La musique est aussi bien choisie que dosée, et il ne manque plus que la brise marine, l’air iodé et le son des vagues pour se sentir dans une grande villa d’architecte au bord du Pacifique…

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Si vous allez du côté des toilettes, vous pourrez apercevoir le potager/verger biologique… Un espace assez exceptionnel à Paris, dont on a beaucoup parlé (par exemple ici) à l’ouverture du restaurant et qui permet au Chef Andrew Wigger de travailler des produits savoureux, de saison et ultra-frais, locaux ou importés.

Pour faire patienter votre estomac, surtout pas de pain. Ici, on préfère –à juste titre– jouer la carte ludique, authentique et créative d’une coupelle de pop-corn dont les parfums varient : aujourd’hui, pour ravir nos palais et exciter nos papilles, c’est sel fumé et sirop d’érable. Monsieur, qui déteste le pop-corn sucré que l’on trouve dans nos salles obscures ou supermarchés, a littéralement adoré. Et vous vous doutez bien que je ne me suis pas faite prier…

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Comme je vous le disais, nous sommes venus pour nous faire plaisir, donc impossible de faire l’impasse sur l’apéritif. J’étais bien tentée par plusieurs cocktails signature, mais craignant qu’ils ne me coupent l’appétit, je suis restée classique et j’ai choisi des bulles.

Monsieur, pourtant pas très branché mélanges fruités, a choisi une boisson sucrée et pimentée –impossible de vous détailler la composition, mais vous la retrouverez sur la carte sous le nom de “Red Hot Chilli [quelque chose]”… Il a beaucoup aimé et j’ai moi aussi apprécié le mélange, la fraîcheur, le parfait équilibre entre les goûts sucrés et épicés. 

Vous ai-je dit que l’eau en carafe est naturellement aromatisée au concombre ? Quelques fines tranches d’un légume que j’aime imaginer bio et provenant d’à côté parfument délicatement l’eau et vous rafraîchit tout au long de votre repas. Je connaissais et appréciais el agua de pepino –sorte de smoothie mexicain au concombre– mais en parfaite alliée de vos repas d’été, cette version plus légère s’accorde avec tous les mets.

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Lors de ma première visite au FRAME, j’avais été tentée par la salade de courgette au parmesan –recommandée par Maman– mais j’avais finalement choisi le taco de ceviche de cabillaud. Pas mal du tout : tortilla de blé maison, bon poisson, guacamole frais et réussi, bien assaisonné et épicé, mangue à point, chou croquant… Des associations qui fonctionnent bien, mais je n’ai pas retrouvé le goût de la Tequila et je peux vous assurer que le dressage de mon assiette n’avait absolument rien à voir avec la photo que l’on trouve sur leur site.

En plus, vivant sous le même toit que le plus grand Maestro Ceviche de France, –même si je n’ai rien à reprocher à cette entrée– je n’ai pas été plus émue que ça. D’ailleurs, il a lui-même été interpellé par l’intitulé du plat en parcourant la carte, mais je lui ai conseillé de choisir autre chose, surtout que je voulais partager pour goûter davantage de recettes…

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Inutile de parler à voix haute pour la première entrée que l’on choisira. Au mot “poulpe”, il s’est arrêté de lire ; ravi, il a levé son regard pétillant vers le mien, l’a souligné d’un sourire et on s’est compris. Il est si difficile de manger du poulpe en France ! Souvent baignant dans l’huile, invariablement cher et caoutchouteux, on a toujours été déçus. (Si vous avez quelques bonnes adresses, par pitié, partagez-les !)

Mais au FRAME… Je me retiendrai, mais j’ai envie de dire "OMG, THANK YOU ANDREW!!" tellement notre plaisir fut grand. On a un peu regretté que les entrées et le vin arrivent alors que nous n’avions consommé que la moitié de nos apéritifs, mais nous avons été ébahis par la commande. Posé sur un trait de houmous au goût et à la texture parfaits, ce majestueux tentacule rosé d’une rare tendreté est arrivé accompagné de câpres et petits pois frais, de suprêmes de citron jaune et d’un filet d’huile parfumée…

Des ingrédients d’une grande qualité, extrêmement bien travaillés, mis en valeur dans une composition en diagonale et pleine de volumes, presque baroque. Sur un violent coup de pinceau s’étale cette volute rosée aux mille anneaux, à ces couleurs chaudes s’opposent des points et des tiges de fraîcheur ; dans cette assiette spectaculaire, cuisson et températures, équilibre des goûts et des textures parfaits. Extase.

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Les gambas à la citronnelle, chou et sauce barbecue nous ont bien plu, sans pour autant susciter de grands émois. Un mariage asiatique-américain ingénieux ; grillées, quatre belles bêtes à la chair tendre et savoureuse, une texture agréable de la garniture, un intéressant détournement de la tige…

Malheureusement, le parfum de la citronnelle brille par son absence, tandis que les saveurs sucrées sont très (trop ?) prononcées. Bref, même si on l’a apprécié, il manquait à ce plat une touche d’acidité –et croyez-moi, le quartier de citron vert ne s’est pas fait prier. 

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Si je voulais tant partager cette bonne adresse avec Monsieur, c’était surtout pour lui faire déguster ce plat de cabillaud, haricots Borlotti, purée de petits pois et sauce au beurre à la mangue, que Maman et moi avions littéralement adoré la dernière fois.

Je regrette vraiment ne pas avoir pu le prendre en photo ce jour-là, car je vous assure que l’assiette ci-dessous n’y ressemble pas. Le manque de soin apporté au dressage m’a fait tiquer –voyez notamment la goutte de sauce restée au bord– ; le poisson fendu, les petits pois pas assez mixés et les haricots restés entiers m’ont fait penser que, en plein mois d’août, le Chef Wigger avait dû s’absenter. Théorie confirmée par le serveur interrogé.

Lorsque c’est bon, ce sont des choses que l’on pardonne aisément. Mais voyant Monsieur rester sceptique après les premières bouchées, j’ai goûté à la sauce qu’il disait insipide pour confirmer qu’on n’y retrouvait pas la mangue. Quelle dommage –c’est pourtant là que réside toute l’intelligence de ce plat ! Gourmande et fruitée, cette sauce faisait la surprenante et parfaite liaison sucrée entre les deux purées, la chair tendre du poisson et la force du piment… Monsieur le Second : pourquoi ne pas avoir respecté les proportions ?

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Erreurs pour moi vite oubliées grâce à mon assiette, aussi savoureuse que ravissante. Saint-Jacques et chou-fleur glacés (au sirop d’érable ?), radis roses et petites pommes de terre à chair colorée, le tout sur une sauce discrète –dont j’ignore la composition– qui en enrobant complétait parfaitement le tout. Une autre création aussi belle que bonne, riche et originale, que je ne peux que cent fois recommander !

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Là encore, dans ce plat tout y est : qualité/fraîcheur des produits, proposition visuelle, équilibre gustatif… J’ai été transportée par les textures –tantôt croquantes, pour le chou-fleur et les radis, tantôt fondantes, côté pomme de terre et fruit de mer. Admirez plutôt les surfaces caramélisées et la parfaite cuisson de cette chair –vous comprendrez que malgré les fausses notes, on pardonne le Second, qui maîtrise incontestablement son piano…

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Vides, les assiettes sont reparties en cuisine, pendant que Monsieur et moi, repus, finissions de siroter notre rosé. Les portions sont bien dosées, et ça tombe bien car à vrai dire, la carte des desserts ne fait pas rêver. Quelques produits de Cheese –le fromager d’à côté–, une tartine au chocolat, quelques sorbets et crèmes glacées, un cheesecake de She’s Cake by Sephora… La dernière fois, Maman et moi en avions partagé une portion au wasabi –ingrédient plus ou moins mal distribué dans l’appareil, même si la recette est intéressante et le résultat, agréable et assez surprenant.

A vrai dire, depuis que j’ai découvert FRAME, mon désir secret est que le Chef s’installe définitivement à Paris pour continuer à nous concocter indéfiniment de bons et beaux plats, que son équipe soit mieux préparée lorsqu’il part en congés, que les prix restent toujours aussi raisonnables (de mémoire : entrées 9-16€, plats 18-30€) et qu’il embauche un(e) Chef pâtissier(e) –pourquoi pas Joy, tant qu’on y est.

Elle pourrait même concevoir la carte du brunch, servi les samedis et dimanches jusqu’à 16 heures. Attention, donc : si vous souhaitez goûter les délicieux plats mentionnés, rendez-vous en semaine ou au dîner le weekend. Enfin, je dis “au dîner” mais chez FRAME, on oublie les contraintes. Après une grasse matinée, vous pouvez, comme nous, déjeuner en plein milieu de l’après-midi dans l’un des rares établissements parisiens qui, malgré le service continu, attentionné et souriant, soit bon, original et accessible.

Car à mon humble avis, ce restaurant “fusion” ou “world food”, peu importe, vient réveiller un peu l’offre gastronomique de la capitale française –parfois trop traditionnelle, parfois faussement créative car répétitive, souvent pompeuse– et ça fait du bien de pouvoir découvrir, dans une ambiance décontractée, des assiettes suscitant le voyage, pleines d’idées, de personnalité et de possibilités. 

Alors même si leur site n’est malheureusement pas à jour, faites-y un tour, likez leur page Facebook parce que le community manager apportera, lui aussi, un peu de piment dans votre fil d’actualités, et réservez une table à partir de fin août, pour prolonger un peu vos vacances… Car si vous aimez voyager, vous serez bien servis !
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Enthousiaste post-scriptum à moi-même, avant de terminer : la prochaine fois, si j’arrive à ne pas reprendre le poulpe et les Saint-Jacques, pourquoi ne pas tester les salades et le burger (que Maman a trouvé, frites à part, très bon) ?


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