Magazine Cuisine

Une soirée dégustation ludique et instructive

Par Eric Bernardin

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Déjà, le cadre n'est pas banal: nous sommes dans le chai du Domaine de la Solitude. En effet, l'un des membres du Quinté Sens Club de Bordeaux travaille pour le Domaine de Chevalier qui gère cette propriété appartenant à une communauté de religieuses. Pendant que nous devisons dehors, Julien s'affaire à préparer la soirée. Ce soir, c'est concours!

Trois groupes de 5 personnes vont s'affronter ce soir dans une lutte sans merci: les Pros (regroupant des professionnels du vins), les Bambinos (regroupant des -plus ou moins- jeunes dégustateurs) et les Patriarches (regroupant des amateurs avec un peu plus de kilomètres au compteur, dont je fais partie).

Nous commençons à prendre des forces en cassecroûtant les mets que chacun a apportés, accompagnés s'il vous plait d'un Chevalier (blanc) 2006.  Servi certes un peu chaud, mais plus que plaisant. Ca ne sauvignonne pas, et l'élevage distingué échappe à la caricature.

Tout en continuant à grignoter, nous attaquons le questionnaire théorique. Ca commence mal: la première question porte sur les noms des différentes bouteilles de Champagne. Le truc qui me gonfle et qui m'a toujours paru ne servir à rien. Au mieux, je bois des magnums. Alors, les Salomons, les Rhéoboams et autre Nabuchodonors, je me contrefiche s'ils contiennent 6, 12, 18 ou 24 bouteilles de 75cl!... Les autres patriarches ont l'air de s'en moquer autant que moi. Ce qui fait que nous n'aurons aucune réponse juste à cette question.

Suivent d'autres questions plus ou moins ardues. L'une porte sur l'année où Mouton Rothschild est devenu 1er Cru Classé (1973!). Mais il faut dire ensuite pourquoi Picasso a été choisi cette année là pour illustrer l'étiquette. Je crois me souvenir que c'était l'année de sa mort, et que ce sont les héritiers qui ont donné leur accord pour ce dessin. Ma mémoire de Patriarche ne s'avérera pas trop défaillantes. C'était bien ça...

Une autre porte sur des descriptions de "nez de vin". Il faut trouver dans une liste à quel vin ils correspondent. C'est relativement facile. Nous aurons tout bon.

Il faut également retrouver les différentes régions du Vignoble de la Loire. Pas trop dur. Nous avons peiné un peu plus sur les 13 cépages de Chateauneuf. Et sur les pourcentages des différents cépages autorisés en Rhône Septentrional.

Mais bon, en fin de compte, nous gagnons cette épreuve théorique! Nous pouvons maintenant commencer l'épreuve pratique: la dégustation.

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Vin n°1: nez terpénique avec des notes de citron confit et d'aiguille de pin. Je pars direct sur un Riesling, entraînant mes confrères. La bouche, ample, soutenue par une longue et belle acidité, semble confirmer mon diagnostic. La finale, très citronnée, aussi. Il faut trouver une année. Allez, 2001. Un producteur? Zind Humbrecht. Et la réponse est: Meursault 2001 du domaine Michot. Le plantaaaage!!! Bon, on a l'année 2001, tout de même ;o)

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Vin n°2: nez sur la pierre humide, légèrement fumée, qui me fait directement penser à un Chenin de Bellivière. La bouche est grasse, soutenue par une certaine minéralité. Chenin en diable. Ce vin, je le connais. Je l'ai bu à plusieurs reprises. Vieilles vignes éparses 2004 de Bellivière. Faux! Mais c'est vrai que je le connais bien, et que j'a l'ai bu à plusieurs reprises: c'est le Bel Ouvrage 2004 de Damien Laureau. La haiiine!!! Mais bon, on a le cépage de juste, et le millésime. On gagne des points, donc ;o)

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Vin n°3: au départ, ça pue grave. Réduit. Il faudra une grosse aération pour découvrir un nez beurré, légèrement truffé (blanc). La bouche, plutôt molle au départ, reprend un peu de vie. Et l'amertume finale, rédhibitoire au départ, s'estompe. Nous sommes plusieurs à penser que c'est un Chardonnay, dont votre serviteur (il me rappelle le Montrachet bu lors de mon anniversaire). Encore faux: c'est un Hermitage de l'Orée 1991 de Chapoutier.

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Vin n°4: la robe est rouge sombre, mais translucide. Le nez est poivré, avec des arômes de de fruits noirs bien mûrs, d'encens. La bouche est riche, mûre, soutenue par une belle acidité qui lui apporte de la fraîcheur. Seule la fin, donnant l'impression d'une légère sucrosité, détonne. Mais j'aime tout de même beaucoup! Je pars sur une syrah septentrionale. Tout le monde suit. On finit par s'accorder sur un Cornas. De 2004. C'est en fait un Pinot noir 2005 de Cloudy Bay (Nouvelle Zélande). La hooooonnnte!

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Vin n°5: robe noire aux reflets pourpres. Nez très marqué par l'élevage sur le grillé, le caramel et les fruits confits. Bouche dense, mûre, aux tannins assez marquée, et surtout à l'amertume finale qui me flanque des frissons. Plusieurs de mes condisciples le mettent en Bordeaux. Je n'arrive à le croire. Ils ont raison d'insister et de le marquer sur la feuille: c'est un Bordeaux. Côtes de Castillon la Violette 2005 du château Manoir du Gravoux.

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Vin n°6: robe sombre aux reflets évolués. Nez bien mûr, fleurant les fruits compotés, les épices, puis à l'aération l'humus, le champignon de Paris. Ce qui nous fera partir sur un Médoc de 1990. La bouche est fraîche, élégante, avec des tannins veloutés. Belle finale. Nous n'aurons de bon que la région de production. C'est un château Pavie 2000. Je suis sur le cul! Ce vin quasi mythique (100/100 Parker), paraissant si vieux, et (à mon goût) d'un intérêt limité. Les miracles de la micro-oxygénation?

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Vin n°7: Y a pas. Ca sent le bois américain. C'est donc soit espagnol, soit australien. Sinon, il faut admettre que le nez est assez envoûtant, avec ces arômes de liqueur de fruits noir et d'épices orientales. La bouche est d'une densité rare, fraîche, presque crémeuse, avec des tannins tirés au cordeau. C'est du bel ouvrage! Espagnol? Eh non: australien! C'est une Syrah Amery Block 6 2003 des Kay Brothers.

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Vin n°8: jolie robe violacée. Nez sur la framboise et les épices qui me fait partir sur un Crozes. Bouche fraîche, gourmande, veloutée, très digeste. Les tannins demandent encore à se fondre en finale... Je ne sais plus sur quel vin on est parti. Mais on a eu faux... Seul Loup avait eu l'intuition du domaine. C'est le Lirac "reine des bois" 2006 du domaine de la Mordorée.

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Vin n°9: robe noire aux reflets violacés. Nez superbe sur les fruits noirs bien mûrs, et les épices. Bouche intense, mûre, charnelle. Fin encore un peu dure. Guy propose le Chateauneuf de la Mordorée 2005. Je le suis, car cela ressemble à ce que j'ai déjà bu. Bingo! C'est bien le Château "Reine des Bois" de la Mordorée, mais 2006!

(fin momentanée du récit: je pars bosser...)


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