Magazine Cuisine

Compil de Tables du 11e au 15e arrondissement

Par Toinard

Le Cotte Rôti - 3 Miam sur 5.

Un restaurant qui ouvre, c’est comme un scooter Italien tout juste sorti de la boutique avec ses chromes rutilants. Souvent il démarre sur les chapeaux de roue et on sait au premier coup d’œil qu’il aura cette fougue ad vitam aeterman. Parfois, bien qu’il soit neuf, il a des problèmes à l’allumage qui finissent heureusement par disparaître au fil des semaines. Enfin, il y a ceux dont on sait qu’ils vont nous poser des problèmes à chaque sortie. Le Cotte Rôti était à ranger dans la seconde catégorie, de ceux qui toussent au démarrage, qui s’enrhument mais qui finissent par se dégripper. On l’avait dans nos tiroirs depuis quelques mois, septembre pour tout vous dire, mais ici et là, ce qui nous revenait aux oreilles, ne jouait pas en sa faveur. Le chef, Nicolas Michel, dans l’ombre de Jean Christiansen de l’Atelier Berger pendant un septennat, ne pouvait pas foncièrement être mauvais mais il lui fallait trouver ses marques dans cette première affaire. On a donc laissé ce Cotte Rôti se décanter tranquillement pour qu’il nous offre dans sa robe orangée ponctuée de potirons, un cortège de saveurs cette fois maîtrisées. Nicolas les pioche dans son parcours ponctué de passages dans les restaurants gastronomiques mais aussi dans les grandes brasseries où ça envoie comme on dit dans le métier. Sur les immenses ardoises, s’opposent des créations un peu enlevées comme le velouté de marrons aux palourdes et pesto à des classiques bistrotiers comme la terrine de joue de bœuf et sa vinaigrette au foie gras. Avec un verre de rouge de la vallée du Rhône du domaine Ogier, ça nous rappelle les grandes heures du casse – croûte paysan. Sans compter que dans la foulée, le cochon est prêt à nous montrer sa poitrine croustillante et sa purée de patates douces. Alors s’il reste un peu de vin, ça n’en sera que meilleur.

1, rue de Cotte. 12e. 01 43 45 06 37. Formules : 25 et 30 €. M° : Ledru -Rollin. Fermé le dimanche et le lundi.

Nuxis. 3 Miam sur 5.

Conservatoire d’Art Dramatique, théâtre, cinéma, maîtrise de gestion, Sciences Po, marketing, Thierry Curiale a touché à tout avant d’oser se glisser derrière des fourneaux. Un rêve de jeunesse enfin réalisé.

 « Vous souhaitez dîner à 19h30 ou à 21h30 ? ». On croyait ce principe d’imposer les horaires, révolu, il n’en est rien bien que nous soyons nombreux à pester contre ce genre de pratique. Au final, avec un ton un peu ferme, on finit par obtenir gain de cause. Une table à 20h30 dans ce petit cocon orangé. Le chef est en terrasse au téléphone, le serveur un peu perturbé, l’apéritif se sent bien seul sans la moindre amuse-bouche pour l’escorter, l’assassinat de l’adresse avait commencé. Et puis l’ardoise est sortie de sa réserve pour se glisser jusqu’à nous et dévoiler ses gourmandises qui adoucissent les mœurs. De sa voix crayeuse, elle nous a glissé à l’oreille une fraîcheur d’avocat et de Pink Lady à l’huile de colza grillé, coiffe de tomates et des légumes croquants sur un sablé au parmesan, caviar d’aubergines et coulis de carottes au cumin. Bonne pioche. Présentations modernes, respect des goûts, fraîcheur indiscutable. La suite est tout aussi réussie notamment ce marmiton d’agneau mijoté des heures, fondue de feta et basilic. Ca fond en bouche comme neige au soleil. La tarte au chocolat déstructurée parachève le dîner de belle manière. Le chef peut éteindre son téléphone et reprendre une vie normale.

129, rue du Château. 14e. 01 43 27 32 56. Menu : 28 €. Fermé au déjeuner et le dimanche. M° : Pernety.

L’Entrepôt - 3 Miam sur 5

Conférences, expositions, littérature, musique, restauration et cinéma, il se passe toujours quelque chose à l’Entrepôt, sorte de paquebot entièrement dédié aux arts dans lequel on entre à tout moment de la journée pour voir, entendre, toucher, sentir et goûter. Les cinq sens sont en éveil et chacun en fonction de ses passions, de ses envies, les met à contribution. Les uns iront jeter un œil à l’exposition « Mémoires de la Ville », les autres suivront le film « Notre Pain Quotidien » de Nikolaus Geyrhalter et tous se retrouveront à table dans le patio, sous la véranda ou mieux encore dans le jardin ombragé. Un nid de verdure au cœur du 14e. Il y a comme un air de campagne qui flotte au-dessus des tables. Paris semble bien loin au milieu des gazouillis des oiseaux, du crissement du gravier sous les pas des serveurs, du silence qui se pose et enveloppe ce jardin secret. Et dans l’assiette, me direz-vous, festival ou pas ? Nous sommes bien entendu à des années lumière de la cuisine des palaces de Cannes mais l’Entrepôt n’a pas à rougir de sa prestation. L’ardoise rassure par sa capacité à proposer une poignée de plats du jour de toute fraîcheur comme ses rillettes de saumon maison, ce contrefilet rôti servi avec une purée, ce filet de rascasse poêlé avec une purée de courgettes au basilic et pour terminer, cette soupe de fruits exotiques. A la carte, les grands classiques de la cuisine bistrotière et ménagère. La salade de roquette, champignons et parmesan, les rillettes de maquereaux et pain grillé, la selle d’agneau au thym, le tartare de bœuf et ses frites ou le magret de canard et sa sauce au cassis, jouent des coudes pour se faire repérer par une clientèle détendue, ravie de déjeuner en paix, loin de l’agitation citadine. L’adresse donne envie de se prélasser, de commander café sur café en attendant la dernière séance.

7/9, rue Francis de Pressensé. 14e. Tel : 01 45 40 07 50. Menu : 14,50 €. M° : Pernety

Au Réveil Samaritain. 3 Miam sur 5.

Chaque année au mois de mars, le jury de Tradition du Vin remet en grandes pompes le prix du « Meilleur Bistrot à vins de l’année »…précédente, les lenteurs administratives sans doute. Et le gagnant 2007 pour l’année 2006 est donc : Au Réveil Samaritain, sorte de grosse brasserie posée sur le boulevard Saint-Jacques comme un verre sur un tonneau. Vous dire qu’il y a du monde à l’heure du déjeuner n’est pas tout à fait exact, il y a foule plus précisément. Et pas seulement des amateurs de vin venus en découdre avec les crus de Loire, de Bourgogne, du Bordelais ou du Beaujolais notamment ce Chiroubles du Domaine de la Grosse Pierre. Ces derniers, on les reconnaît, ils passent souvent en premier lieu par la case bar histoire de découvrir le dernier coup de cœur des maîtres des lieux, Vincent et Laurent, qu’ils accompagnent de jambon de pays, de saucisse sèche, de pâté, de saucisson et de fromage de Laguiole picorés sur la planche Aveyronnaise. Que voulez-vous, un bar à vins à Paris est rarement tenu par un Poitevin et encore moins un Meusien. En salle, c’est l’effervescence, un croque-monsieur pour madame, un croque-madame pour monsieur, une salade Océane pour la demoiselle frisée près du buffet et une saucisse aligot pour le grand dadais à côté du porte manteaux. C’est l’ambiance brasserie parisienne dans toute sa splendeur avec son cortège de serveurs qui courent dans tous les sens, les rires qui fusent, les couverts qui s’entrechoquent, les bouteilles que l’on tirebouchonne à tout va et puis d’un coup le silence. Comme un seul homme, les clients se lèvent et la salle se vide. I Télé en boucle sur les écrans plasma vient d’annoncer le flash de 14h00, il est temps de rejoindre le bureau, le chantier, le commerce, la fac…simplement parce qu’il y a une vie après le bistrot. Revenez donc ce soir, vous aurez un peu plus de temps devant vous.

3, boulevard Saint-Jacques. 14e. Tel : 01 45 65 22 17. Formules : 17 et 21 €. M° : Glacière.

L’Escapade Mère Grand. - 2 Miam sur 5

Viandes de chez Joël Apolinaire de la boucherie d’Alésia, poissons du Pélican de Boulogne-sur-Mer, fruits et légumes de la Présidence à Rungis…toutes les provenances des produits sont indiquées sur la carte. Ca ne nous garantit pas que c’est bon mais au moins ça prouve que le chef joue la carte de la transparence. Le chef justement. Marc Hammani, au physique d’athlète, qui a roulé sa bosse un peu partout dans le monde avant de poser ses valises du côté d’Alésia en face de la célèbre Régalade de Bruno Doucet. Désormais à la tête de sa première affaire, il est au four et au moulin. Il monte et descend les escaliers comme les pompiers la grande échelle. En haut, il prend les commandes, pose une carafe d’eau pour la 6, une corbeille de pain pour la 4 puis descend préparer une fricassée de champignons et petits lardons, surveille au passage la cuisson du poulet rôti aux herbes, relance le feu sous la crème de lentilles qui viendra accompagné le foie gras poêlé et remonte les bras chargés d’une soupe froide de carotte et badiane et d’une escalope de veau et sa jardinière de légumes. Il y a bien Joseph en salle pour lui donner un coup de main mais comment vous dire, il y a comme un choc de générations. Le sourire et la vivacité d’un côté, le poids d’années de travail et le manque d’entrain de l’autre. Joseph, c’est le serveur comme on n’en voit plus. Pantalon noir, chemise blanche, bretelles, veste trop grande pour ses épaules, nœud papillon, il n’y a guère qu’à La Coupole qu’on peut encore croiser ce type de personnage. Le Paris des grandes brasseries. Il grommelle, bougonne, parle tout seul. On pourrait s’offusquer de sa façon d’être, on finit par en rire en tentant de ne pas oublier la cuisine ménagère du chef qui ressemble à celle que mamie nous prépare quand on vient la voir le dimanche.

68 bis, avenue Jean Moulin. 14e. Tel : 01 45 42 02 02. Formule au déjeuner : 15 €. Fermé samedi midi et dimanche. M° : Alesia.

Château Poivre - 2 Miam sur 5.

Assurément ma voisine était une fidèle habituée des lieux sauf que le changement

estival de direction, de décor et de type de cuisine semble la perturber. « Ben dis donc, je ne sais pas si les amateurs d'escargots en persillade, de poêlées de cèpes et de blanquette de veau vont s"y retrouver ». Toutes les bonnes choses ont une fin ma bonne dame et la cuisine ménagère et roborative du Château Poivre, c’est fini. Place à une nouvelle équipe, un ancien du Troquet en salle et un chef venu de Collioure, Christian Gako surnommé le Pape, derrière les fourneaux. Quelques coups de peinture, une moquette neuve et voici le Château Poivre reparti sur de nouvelles bases pas forcément enthousiasmantes sur toute la ligne. Il y a de l’idée et de l’envie sur l’ardoise qui se dresse devant vous mais les plats sont inégaux, d’une simplicité déconcertante, la charlotte de thon aux courgettes, ou un tantinet brouillons comme ce dos de cabillaud en croûte aux quatre tubercules. La présentation sur assiette ronde n’est pas engageante, ça manque de respiration. On se croirait sur une plage de la Côte d’Azur, un quinze août, chacun jouant des coudes pour se faire une place au soleil. Les goûts et les parfums sont là, intacts, certains de faire leur petit effet mais on aimerait plus d’élégance et pas cette amoncellement de nourritures. De son côté, la planche de sardines aux lentilles tièdes tire son épingle du jeu, l’association surprend et les textures se marient à merveille. Madame la Baronne de Rotschild ne serait pas contente mais on a osé coucher ces deux produits sur une tranche de pain et croquer dedans comme au bon vieux temps des casse-croûte de retour de pêche. Un délice, comme l’est le tiramisu aux figues façon vieux garçon. Un délice, que dis-je, une tuerie ! On racle la verrine jusqu’au bout pour ne pas en laisser une miette. Là encore, pardon Baronne, ça ne se fait pas mais quand c’est bon, au diable les bonnes manières.

145, rue du Château. 14e. Tél : 01 43 22 03 68. Formules : 20 et 23 €. M° : Pernety.

Le Cristal de Sel. 4 Miam sur 5.

Ecrivons le dès la première ligne, ce Cristal de Sel est assurément le coup de cœur de la rentrée. Il avait pointé les effluves de ses premiers parfums juste avant l’été puis avait profité de nos congés pour se rôder. Aujourd’hui, il est à point et les deux compères, Damien Crépu et Karil Lopez, qui le portent à bout de bras peuvent afficher un grand sourire de satisfaction. Leur pari de quitter le gastro version palace pour le bistrot est une réussite et la salle comble en est la plus belle preuve. Comment pourrait-il en être autrement dans cet espace clair où le blanc domine, où la mine réjouie du personnel de salle fait plaisir à voir ? Chaque soir, on a le sentiment que c’est l’inauguration, le premier service. Tout le monde s’applique, s’implique pour que la première impression des convives soit la bonne et que le bouche-à-oreille fasse son petit bonhomme de chemin. Tendez l’oreille et vous devriez entendre tout le bien que pensent les clients du tartare de thon, guacamole et vinaigrette soja, de la tarte de tomates et anchois et des sardines Ramon Penas servies dans leur boîte. De toutes petites sardines d’une finesse remarquable que l’on avale sans se soucier des arêtes avec une tartine de beurre aux algues. Ecoutez ce que disent les gourmets à propos du bar de ligne cuit à la plancha servi sur un caviar d’aubergines, de l’osso-buco de veau au vin jaune et ses légumes. Certains pourraient penser que c’est d’une simplicité déconcertante. Certes mais la justesse des cuissons, la générosité des portions, l’attention portée aux présentations offrent à ce bistrot une longueur d’avance sur ses concurrents à moins que les desserts forment tout simplement ce petit plus que l’on ne trouve pas ailleurs. Aux oubliettes, les sempiternels moelleux au chocolat, crème brûlée et autres baba au rhum géant, place au financier aux framboises et sa glace vanille, à la poire rôtie à la crème d’amandes ou à la gaufre croustillante aux fraises. Finalement, la rentrée, ça n’est pas toujours si désagréable.

13, rue Mademoiselle. 15e. Tél : 01 42 50 35 29. Carte : de 32 à 47 €. M° : Commerce. Fermé le dimanche.

Le P’tit Casier. 4 Miam sur 5.

Au 51 de la rue Olivier de Serres, nous connaissions le Casier à Vins, à la fois caviste, épicerie et lieu de ripaille autour d’une cuisine joliment maîtrisée par Iza Guyot. Succès, murs que l’on ne peut pas pousser et des clients parfois frustrés de ne pas pouvoir s’installer devant un pavé de porc fermier à la sauge et pancetta ou un medley de légumes frais du marché à la méridionale. Et puis, le pas de porte du voisin qui se libère. De quoi ouvrir un petit casier d’une vingtaine de couverts sur deux niveaux avec quelques touches de décoration qui rappellent les origines marocaines d’Iza qui se tient derrière ses minuscules fourneaux ouverts sur la salle. Certains seraient tentés de penser qu’il s’agit là de l’annexe de la maison voisine mais il n’en est rien car la cuisine voulue par la maîtresse des lieux est uniquement axée sur le poisson, les coquillages et les crustacés. Inutile de chercher un bout de gras, une lamelle de charcuterie, un os à ronger, ici on fête la moule, l’huître, le thon, le Saint-Pierre, le saumon…tous magnifiés dans des préparations que les pêcheurs des dits poissons seraient ravis de découvrir à commencer par celui qui a attrapé la nuit dernière quelques lottes. Iza les glisse dans un tartare avec des huîtres, le tout façon céviche présenté dans des petites coupelles carrées. C’est frais, iodé à souhait, ça vous réveille les papilles. Même effet avec le classique millefeuille de saumon et son émulsion à l’aneth. Pas de grande révolution dans ce plat mais une présentation moderne, une fraîcheur incontestable et un respect des parfums. Pour rester dans le saumon, le pavé rôti tente de s’imposer au deuxième service mais le thon se taille la part du lion en tajine au citron avec une mosaïque d’algues et de légumes ou caché dans un tube croustillant avec mille et une petites chinoiseries que l’on grignote sans compter. Le cœur léger et sans excès de calories, on se laisse tenter par un petit pot de crème au chocolat parfumée à la rose avant de rentrer au port.

49, rue Olivier de Serres. 15e. Tél : 01 56 087 36 22. Carte : de 36 à 53 €. M° : Convention.


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