Magazine Cuisine

Réveillon du 24 décembre : menu

Par Daniel Sériot

Comme nous devions recevoir les enfants le jour de Noël, Daniel et moi avons fait le choix d'un dîner de réveillon simple dans son élaboration pour me permettre le repos mérité après ce premier trimestre de travail soutenu. L'idée étant de vivre des vins plaisants sur des mets rares et raffinés, appréciés le plus naturellement et sans apprêt pour ce premier repas, mais intégrés dans des compositions plus pensées pour les autres tables : à savoir le caviar d'Aquitaine et la truffe.
Le Frédéric-Emile de Trimbach, sa cuvée 375ème anniversaire, 2001 m'a accompagnée pour les trois entrées : émincé de truffe à la fleur de sel, caviar et beurre de baratte (bon sang ne saurait mentir), puis sur le tartare de homard sur un lit de gelée de coriandre.

IMGA0687
IMGA0690


(Recette sur simple demande par message privé)

Sur le Frédéric-Emile 375ème anniversaire, j'avais noté en 2008 :

"Minéralité évidente et décelable dès l'olfaction : une douceur terpénique, qui défend que l'on dise : "il pétrole!". Grande noblesse du terroir qui fait vivre la plus inimitable des expressions du règne minéral et sur lequel se construit l'architecture palladienne, droite et austère d'un grand riesling...

Une attaque douce, résolument fruitée, mais dévoilant surtout le curry et le poivre, pour complexifier la gourmandise goguenarde annoncée au nez des oranges confites et du citron..."

Étonnamment, pour ce soir, il me déçoit un peu, et je ne peux m'empêcher de dire que le vin est "retors"... Abus de langage, évidemment, qui ne saurait réellement rendre compte de ce qu'il est. Je ne changerai pas d'un iota sur le descriptif aromatique, hormis sans doute des expressions plus nettes de pomelo dans la finale. L'arôme doucement naphté tient essentiellement aux sapidités de l'écorce d'orange surmûrie : ce qui rendrait plus complexes, plus fouillés, plus riches encore, le terpénique et le minéral de ce vin. Seulement, la longueur semble s'étreindre dans la gorge et n'éternise pas comme on le voudrait les saveurs qu'il sait étoffer dans le corps même du maintien.

J'ai exigé de mon boucher un tournedos qui ne soit pas tournedos, ayant une sainte horreur du filet. J'avais envie plutôt d'un morceau bien précis dans l'aloyau (le contre-filet, ou le haut de l'aloyau). Certes peu présentable! mais qu'importe. Le plaisir de ce réveillon résidait dans le précis et le naturel des saveurs, sans fioriture. La réussite du plat est incontestable...

IMGA0697
IMGA0701
IMGA0703
IMGA0704

Et c'est Pavie 1990 que nous sacrifierons ce soir sur l'autel de nos plaisirs oenophiles...

Grand, racé (mot que j'exprime aussitôt alors que j'ignore de quelle race de vin il peut s'agir...), aux flaveurs et odeurs empyreumatiques que je suis obligée malgré moi de comparer à du bitume, cependant qu'elles me plaisent parce que terriennes, truffées tout en même temps, profondes, capiteuses... Le fruit joue du tremolo, cerise sur le cœur, pour mieux faire comprendre qu'il reste vaillant, frais, pur en dépit des notes tertiaires qui auraient pu le vieillir vraiment.

Un vin émouvant...

Le dessert s'est composé d'une nage d'agrumes au chocolat blanc. (Pas de photo...)

Pour l'accompagner, Guiraud 2001. Sauternes magnifique, qui embouteille des notes douces et suaves d'encaustique, de miel, de térébenthine, qui se lâchent et se débrident sitôt dans le verre dans un bouquet plus complexe de fruits secs et d'abricot. Pour une analyse plus précise, se reporter aux notes de Daniel.

Aucune recherche spécifique sur les accords mets/vins, mais un corps à corps précis entre des mets de caractère et des vins qui ne s'en sont pas laissé compter.


Retour à La Une de Logo Paperblog