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Chercher la féminité dans la salade de pois chiches au crabe, orange et herbettes fraîches

Par Estebe

Salut les filles

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Le saviez-vous? Les chairs femelles sont notoirement plus tendres et savoureuses que les chairs mâles. Tous les bouchers vous le diront: la vache est meilleure que le bœuf; la poule faisane que le faisan; la canette que le canard; la poularde que le chapon; la biche que Courteline. L’aneth et l’âne, en revanche, n’ont aucun lien de parenté. On dit aussi que Monsieur Bocuse, quand il s’en va chez son volailler aux halles de Lyon, ne veut entendre parler que de poulettes. Véridique. Inutile de dire que Monsieur Bocuse en connaît un rayon sur ces choses-là.

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La raison de cette indiscutable quoiqu’injuste disparité gustative saute aux yeux quand on contemple un portrait du rugbyman Chabal au sortir d’un match. Ou de Mickey Rourke au réveil. Ou du gouverneur de la Californie en petite culotte. Nous autres les gaillards, avec nos muscles saillants, notre pilosité galopante, notre testostérone bouillonnante, ne pouvons offrir qu’une viande coriace et rustique. Trop de virilité gâche le rôti.

Et si un jour, en voyage avec Bob et Bobette, votre avion venait à s’écraser dans la Cordillère des Andes, croquez en priorité dans Bobette.

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C’est pour cette raison que le vrai gourmet traque sans répit la féminité dans sa nourriture. Et ce n’est pas toujours facile. Prenez par exemple cette salade de pois chiches au crabe, orange et herbettes, recette aux discrets accents orientaux aussi originale que flamboyante, ben, il va falloir se lever tôt pour la féminiser. Chez le marchand, le sexe du crabe et celui du pois chiche restent le plus souvent mystérieux. Le poissonnier, à qui l’on demandait benoîtement une pince de dame crabe, nous a toisés avec un mépris thatchérien.
Bon, c’est pas tout ça.

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Pour quatre gonzos à table, munissez-vous de 260 grammes de pois chiches, une boîte de chair de crabe, trois pinces de crabe cuit (pour avoir un peu de matos à mâcher), un bouquet de menthe, un bouquet de coriandre, un oignon frais, deux belles oranges sanguines, du kamoun et c’est tout.
La veille, mettez les pois chiches à tremper dans de l’eau. Et changer moi l’eau du bain deux trois fois.
Le lendemain, faites cuire les pois chiches une bonne heure et demie dans une eau frémissante citronnée, en compagnie d’une boule à thé pleine de laurier, cumin, poivre long, graines de coriandre et de fenouil.
Pendant ce temps, pressez une orange, taillez l’autre à vif en mignons quartiers. Préparez une vinaigrette bien tonique avec le jus d’orange, une larme de vinaigre de cidre et de l’huile d’olive. Sel, poivre à foison.
Emincez l’oignon nouveau. Décortiquez les deux pinces. Ciselez la moitié des deux bouquets d’herbes.
Quand la légumineuse est tendre, laissez refroidir, puis touillez le tout avec délicatesse et une large pincée de kamoun.
Goûtez. Et rectifiez à l’envie, le pois se montrant un rien chiche en saveur. Puis servez tranquilou à pas de loup, en rêvassant à la saveur des magrets de Bobette.

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Bye!


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