Rest’o Cocotte. 2 Miam sur 5.
« Tu as entendu parler du Rest’O Cocotte ? ». « Paraît que ça vient d’ouvrir ». « On en dit du bien ». Alors fouette cocher, saute par-dessus le périphérique, allons voir de quel bois se chauffe ce nouvel arrivant. Bigre, ce n’est pas le restaurant le plus tendance du moment. Entre nous, y’en a qui aiment mais personnellement, ce n’est pas ma tasse de thé. C’est toute la définition du mot kitsch « réjouissent les uns, rebutent les autres ». Passons, fermons les yeux, oublions le bleu des murs et les peintures exposées et sourions à l’accueil chaleureux du maître de maison installé depuis quatre mois en lieu et place d’un restaurateur indien. Qu’est-ce qu’elles prétendaient les rumeurs des informateurs ? « On en dit du bien »… c’est cela oui. Entre nous, on ne peut pas en dire du mal mais ce n’est clairement pas l’adresse qui va bouleverser le paysage gastronomique de Boulogne. Cuisine quelque peu passe-partout. Pour un soir où les placards et le réfrigérateur se lamentent d’être vides, on hésitera entre le cake aux olives et tomates confites, un peu gras, et le tartare de saumon et dorade au couteau à la crème de concombre puis entre les filets de sole bonne femme et sa Tatin de pommes de terre et le pavé de rumsteck, sauce marchand de vin, gnocchis sautés au beurre. C’est bon mais il y a ce côté un peu simpliste qui dérange, ce manque de surprise, cette absence de petite pointe de créativité qui ne fait pas la différence entre un repas préparé à la maison et celui pris au restaurant. On offre au chef une dernière chance de nous épater quand les desserts pointe le bout de leur carte. « Tu verras, le dessert qui tue, c’est la pastilla d’amande et raisins secs ». Sans être blessant, ça ne tue pas mais ça a de l’allure.
61, rue Fessart. Boulogne-Billancourt. Tel : 01 48 25 31 78. Menu au déjeuner : 16 €. Menu - carte : 39 €. M° : Jean Jaurès.
Le Pouilly Reuilly. 3 Miam sur 5.
Il suffit d’enjamber le périphérique pour se retrouver dans cette petite commune du 9-3 coincée entre Les Lilas et Pantin. Ici, à l’abri des regards, loin des modes parisiennes du Finger Food, Fusion Food, Easy Eating et autres Snacking, on fête quotidiennement les « cuisines des terroirs de France », la chasse, la pêche, la nature et la tradition. Rendez-vous des bons vivants, des gaillards de la fourchette, des croqueurs de vie. Il faut les voir s’attabler joyeusement, réclamer du vin comme s’il en pleuvait avant même que la carte ne leur soit proposée. On sent dans leurs regards l’envie d’en découdre avec une côte de bœuf de 800g, pour deux rassurez-vous, précédée d’une salade de lentilles et ses petits lardons ou un gratin d’écrevisses au coulis de homard. Le temps semble avoir suspendu son envol dans ce bistrot d’un autre siècle. La cuisine de Pascal Heurteau est restée scotchée à l’époque où les mots régimes et cholestérol n’existaient que dans les dictionnaires. Doit-on s’en plaindre ? Surtout pas. Il existe toujours, et espérons-le encore pour longtemps, un public pour les escargots maison au beurre d’ail, le pied de veau tiède vinaigrette, la souris d’agneau confite au romarin, le boudin noir grillé et sa marmelade pommes poires sans oublier le confit de canard aux pommes sautées, le ris de veau aux morilles et la tête de veau ravigote. Un public de jouisseurs d’un patrimoine culinaire intemporel dont le prix des plats n’est pas la première chose qu’ils regardent mais l’intitulé exact, pas plus qu’ils ne jettent un œil à leurs montres pour quitter la table et rejoindre leurs bureaux. Etre ensemble autour d’une entrecôte marchand de vin, d’une assiette de fromages et d’un baba au rhum ne se calcule pas en minutes mais en plaisir.
68, rue André Joineau. Le Pré Saint-Gervais. Tel : 01 48 45 14 59. Carte : de 35 à 65 €. M° : Hoche. Fermé le samedi midi et le dimanche.
L'Ambre d'Or. 3 Miam sur 5.
Saint-Mandé. Donnez-moi trois bonnes raisons d’aller dans cette bourgade discrète, coincée entre Charenton-le-Pont et Vincennes. La première, la proximité, de l’autre côté du périphérique, la seconde le métro et la troisième, l’Ambre d’Or, étrangement délaissé par les guides au profit de bistrots bien sous tous rapports mais pas franchement nouveaux. A l’Est, point de gastronomie ? Jean-Marie Burnet nous prouve le contraire depuis plus d’un an. Formé par Guy Martin du Grand Vefour à Paris et Jean Chauvel, les Magnolias au Perreux-sur-Marne, il fait preuve d’une jolie maîtrise même si certains de ses plats mériteraient d’être simplifiés pour que nos papilles soient moins affolées par une multitude de parfums et de saveurs. D’autant que Jean-Marie glisse dans ses créations des légumes oubliés inhabituels pour nos palais comme les salsifis qui accompagnent un rouget barbet au jus de roquette, la racine de persil qui épouse un turbot poché et sa crème d’Avruga ou le céleri lové près d’un tournedos de lotte rôtie et d’une crème de crustacés. Il y a de l’envie dans cette maison. On sent la volonté d’étonner avec des associations osées. Pour s’en convaincre, il suffit de craquer pour les huîtres en chutney exotique et aux copeaux de foie gras ou le fondant de carottes au goût de pain d’épices, quelques coques et un mousseux de fenouil. Chaque bouchée nécessite un peu de concentration pour apprécier ici le filet d’agneau, là le ragoût d’abats au poivre de Séchouan et enfin la croquette de chèvre au curry. Dans un premier temps, on goûte chaque composition avant d’oser détruire l’œuvre et de mélanger les trois. La prochaine fois que vous voulez vous restaurer du côté de Nation, osez faire quelques mètres de plus. Enjamber le périphérique permet de découvrir parfois des adresses en or.
44, avenue du Général de Gaulle. Saint-Mandé. Tel : 01 43 28 23 93. Menus : 25 (au déjeuner) et 32 €. Fermé le dimanche et le lundi. M° : Saint-Mandé Tourelle.
L'Escargot. 3 Miam sur 5.
Je vous l’accorde, l’adresse n’est pas de toute première jeunesse. Pensez donc, on régale ici depuis 1903. Cette maison posée au milieu de nulle part, sur les hauteurs de Puteaux, comme un vestige d’une autre époque, est désormais entourée de l’immonde Tour Défense 2000 et de quelques immeubles que les architectes de l’époque n’avaient pas imaginés vieillir. C’est ce qui fait tout le charme de cet Escargot, résistant face à l’ennemi immobilier qui aimerait se saisir de ce terrain pour y créer de beaux appartements avec vue dégagée et une exposition plein Sud. Ce n’est pas demain la veille car la maison vient d’être reprise et les amateurs de cuisine traditionnelle d’applaudir cette nouvelle ère gourmande qui s’ouvre en débouchant un Saint-Joseph 1999 d’Eric Rocher en attendant les grands classiques. Ils sont tous là, fiers comme Artaban, jouant des coudes sur la carte pour se faire repérer, bombant le torse en arborant leurs calories et leur cholestérol. Au diable les conseils préventifs du médecin et sus au panier de cochonnailles, à la salade de gésiers confits et l’œuf poché et au jambon persillé au Bourgogne aligoté que l’on savoure avec une bonne tranche de pain de campagne fabriqué par le boulanger d’en face, lui aussi considéré comme un résistant du petit commerce. La suite n’est que bonheur, ode à la cuisine ménagère, celle de Tatie Danielle et mamie Jacqueline qui n’oublient jamais la sauce Madère pour accompagner les rognons, les pommes Sarladaises pour escorter le carré d’agneau au thym, les flageolets pour le gigot du dimanche midi et le riz pour la blanquette de veau. Passage obligé par du Brie de Meaux avec sa salade histoire de se donner bonne conscience et l’on se dirige sans coup férir vers le pain perdu et son caramel au beurre salé. Vivement demain pour les profiteroles au chocolat chaud !
18, rue Charles Lorilleux. Puteaux. Tel : 01 47 75 03 66. Menus : 22 et 29 €. Fermé le samedi midi et le dimanche soir.
L’Heureux Père - 3 Miam sur 5
Heureux qui comme Alain, a fait un beau voyage. Parti à Saint-Martin en 1991, il a ensuite fait escale en tant que chef à La Havane et à Saint-Barthélémy sans oublier quelques tours du monde effectués dans les cuisines de yachts démesurés. Après quinze années passées la tête dans les étoiles des Caraïbes, il accoste finalement en bord de Seine sous la passerelle de Saint-Cloud. Changement de cap pour ce chef formé en France mais totalement imprégné par la culture des îles. C’est ce qui fait tout le charme de sa cuisine. Un savant mélange de saveurs d’ici et de là-bas, un condensé d’arômes plus ou moins connus qui ne vient pas dénaturer nos produits bien de chez nous mais qui les soulignent et les mettent en valeur. Ainsi l’habituel pavé de thon grillé souvent escorté d’une purée à l’huile d’olive se retrouve accompagné d’un couscous de quinoa aux fruits secs, le dos de cabillaud rôti au bacon voit arriver à ses côtés des carottes au cumin pendant que le pressé de foie gras grillé et le magret de canard fumé s’entrelacent dans des épices cajuns et que les queues d’écrevisses découvrent du curry et un salpicon de mangues au basilic. Parallèlement, Alain nous invite à découvrir les plats traditionnels de son parcours en mer et de ses nombreuses escales : assiette de boudin créole et sa petite salade verte, féroce d’avocat à l’Antillaise, poisson Tahitienne rafraîchi au lait de coco, colombo de poulet et riz créole et surtout, soupe de crabe au calalou, herbe comestible à la texture d’épinards et au goût léger d’algues. Dans sa cuisine ouverte sur la salle, Alain en caressant son bouc, vérifie que le charme des îles opère. Il peut être rassuré, son voyage gourmand est une réussite.
47 bis, boulevard Senard. Saint-Cloud. Tel : 01 46 02 09 43. Formule déjeuner : 19 €. Carte : de 34 à 49 €. Fermé le samedi midi et le dimanche soir. Tramway ligne 2 : station Les Milons.
Le Fief. - 2 Miam sur 5
Il a de l’allure ce Fief avec sa belle terrasse entourée d’arbres et cet espace impressionnant façon loft. Belle hauteur sous plafond, grandes baies vitrées, bar en tôle patinée, un espace fauteuils Club pour boire un café et un petit coin boutique où les maîtresses de maison vendent leurs coups de cœur, des bijoux notamment. A l’heure du déjeuner, c’est une ruche. Les tables sont prises d’assaut par une clientèle de bureaux condamnée auparavant à marcher de longues minutes pour tenter d’apercevoir le bout d’une salade d’un club-sandwich dans ce no mans land culinaire, les serveuses s’activent dans tous les sens et les people des télévisions voisines s’agitent pour être aperçues. Pour résumer, c’est la nouvelle cantine du quartier avec une carte fourre-tout où se côtoient des salades, des planches de charcuteries ou de fromages, des pâtes, des woks auxquels viennent s’ajouter les classiques tartares de bœuf, gaspachos, ravioles de Royan au pistou et l’inamovible dos de cabillaud et sa purée à l’huile d’olive que l’on retrouve par paquet de douze dans tous les restaurants de la capitale. C’est quoi l’idée ? Contenter tout le monde, montrer que l’on sait tout faire, copier coller ? Où est la personnalité de la cuisine ? Pas dans le tartare de bœuf cuit aller/retour que l’on mastique comme un chewing-gum. Coriace le bestiau. Six pommes grenailles pour l’accompagner. Y’a du rab ? Dans ce cas, un dessert s’il vous plaît. Le Fontainebleau, fromage blanc additionné de crème fouettée pointe le bout de son verre figé par le froid. A peine arrivé, aussitôt reparti en cuisine avec son goût de beurre rance. La tarte au chocolat reléguée en deuxième choix revient au premier plan. La pâte part en sucettes, le chocolat résiste à la cuillère. Finalement, une classique crème brûlée, c’est bête comme choux mais c’est rarement décevant.
14/16, boulevard de la République. Boulogne-Billancourt. Tél : 01 46 20 05 82. Carte : de 23 à 42 €. M° : Marcel Sembat.
L’Idée. 3 Miam sur 5.
Il fut un temps où les people aimaient investir dans la restauration oubliant souvent que c’est un métier comme dirait mon grand-père. A force de laisser table ouverte à tous les amis qui avaient malencontreusement laissé leur carte bleue à la maison et de confondre tiroir caisse et argent de poche, ils y ont laissé quelques plumes. L’histoire ne dit pas si l’animateur de RTL, Vincent Perrot, est de ceux-là, toujours est-il qu’il a récemment cédé son Repère à Jean-François du Sartel, un gars à qui on ne la fait pas quand il s’agit de parler restauration, achats de matières premières, marges, rendement et ressources humaines. De ce fait, à peine ouverte et cette Idée a déjà fait son chemin. Tout le monde est en ordre de marche, du directeur à la serveuse en passant par le chef de cuisine qui ne nous assomme pas avec une carte longue comme un bras. Il a plutôt opté pour un nombre de propositions restreintes histoire de toutes les maîtriser et il s’en sort bien le bougre. La lasagne d’œuf poché et son coulis de châtaignes est une belle entrée en matière. Au fond de l’assiette, le coulis, posée au milieu la lasagne de couleur noire façon raviole entrouverte. Avec la fourchette, on lui soulève le chapeau et l’on découvre caché en son sein l’œuf poché que l’on perce pour que le jaune se mêle à la fête. Si vous faîtes partie du groupe sur Facebook, « Au Restaurant On Sauce », ce plat est pour vous. Les quatre noisettes d’agneau, riz basmati et crème de concombre qui suivent sont nettement plus sages mais là encore on peut jouer en plongeant chaque morceau de viande, d’une cuisson exemplaire, dans la crème présentée à part dans un petit pot et porter le tout à sa bouche. Les desserts sont moins enthousiasmants car trop classiques, moelleux au chocolat, cheese-cake et tiramisu. En revanche, les amateurs de fromage applaudissent la sélection affinée par la célèbre Marie-Anne Cantin.
52, avenue de la Porte de Villiers. Levallois-Perret. 01 41 05 05 35. Menu carte : 29 €. Carte : de 35 à 50 €. M° : Porte de Champerret. Fermé le samedi midi et le dimanche.