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Domaine Rietsch à la maison, ou l'Alsace qui fait bon débarque dans ton salon

Par Maigremont

Troisième rencontre du genre avec les amis de Maigremont. Le principe est simple : un vigneron vient présenter son domaine et une partie de son oeuvre en terre normande. Une sorte d'étude complète, dans ton salon, sans les vignes mais avec le vigneron himself ! Cette année, après Géraud Fromont des Marnes Blanches (Jura), Benoit Fouassier (Sancerre), c'est Jean-Pierre Rietsch et son domaine éponyme qui enfile ses pantoufles pour le jeu des questions/réponses d'une quinzaine d'assoifés d'attentifs. Rien que pour cela, merci à notre hote David qui a prêté ses chaises à 4 pieds, ses tables, ses couverts, son salon... et à Jean-Pierre, guest star viticole d'un soir.

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Commençons par un peu d'histoire, afin de confirmer la réputation dont jouit actuellement le domaine Rietsch, aussi bien sur les réseaux sociaux, les cavistes chébrans orientés natures et les amateurs désirant ne pas avoir mal au crane les lendemains d'abus de p'tits blancs.
Jean-Pierre Rietsch et sa soeur sont la 7ème génération à exploiter le domaine familial qui couvre environ 12 hectares, situé dans le superbe village vigneron de Mittelbergheim dans les Bas-Rhin (67). 45 petites parcelles au total, 45 expressions potentielles différentes de terroirs, même s'il n'existe pas autant de cuvées. 60000 bouteilles par an, désormais "Natures". Le virage a été pris avec le millésime 2005, quand fatigué par les vins soufrés qu'il buvait, Jean-Pierre décide du passage à une vinification douce voir sans intervention. C'est une approche différente, qui donne des vins différents. On ne cherche pas à gommer le cépage, au contraire il doit s'exprimer avec un maximum de fond et de fondamentaux.
Les jus sont laissés sur lies, au contact de l'oxygène, jusqu'à la mise en bouteille. Le vin peut prendre un profile légèrement oxydatif, qui au bout de 2 ou 3 ans s'efface. Le maître mot de JP Rietsch, c'est mi-né-ra-li-té ! Un gros mot aux yeux de certains, il aime quand ça goûte le sel et que le terroir parle, finalement un peu comme aime son mentor Patrick Meyer.
Pour vérifier toutes ces paroles, une belle petite série est préparée, accompagnée du repas, disons le tout de suite, orienté Alsace...

Commentaires des vins qui se sont le mieux goûtés ce soir là.

Crémant d'Alsace Extra Brut Nature 2011 : jus issus de la vendange 2011 d'auxerrois, de chardonnay et pinot gris, complété par

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les jus 2012 pour la prise de mousse. Résolument fruité, construit tout en longueur. Certes un peu moins tendu que le fameux 2010 disponible l'année dernière, mais le vin s'étoffe et prend du volume. 8 € c'est donné, mais attention, ça part vite.

Entre Chien et Loup 2012 : un 100 % auxerrois simple et gourmand, un peu passe partout et difficilement crachable. Le vin de copains, capable de faire le grand écart culinaire : apéritif, pain de poisson, viande blanche en sauce...

Muscat 2013 : mis en bouteille il y a quelques jours, non filtré, sans soufre. Voici un muscat (variété otonnelle) délicat, qui n'en met pas plein la vue et le nez. 36 heures de pressurage donne une couleur presque rosée et cet aspect tactile en bouche. J'aime beaucoup et l'association à table parait facile, car le vin est bien cadré.

Pinot Gris Nature 2012 : toujours pas de soufre à la mise, faudra vous y habituer. Un pinot gris taillé pour la table. Un chouille de rondeur, fin de bouche dynamique et superbe, grosse allonge. 

Sylvaner Vieilles Vignes 2012 : matière élancée, pleine, vive et charnue. Un sylv' de compet'. Faut dire qu'une partie des vignes repose sur le grand cru Zotzenberg.

Riesling Nature 2012 : attention, c'est pas du vin pour rincer le dentifrice ! Le vrai vin pour faire "plop" avec les potes, d'ailleurs il est livré en bouteille d'1 litre. C'est très tendu pour le moment, mais ça devrait rentrer dans l'ordre d'ici peu. Pour un apéro sans concession, poisson et même pour accompagner quelques coquillages bivalves.

Riesling Stein 2012 : on monte clairement d'un cran avec ce vin. Salinité tout d'abord, notes de cire et de miel, profondeur, intensité, sérieux. Mais le qualificatif principal c'est tout d'abord, mi-né-ra-li-té !

Riesling Brandluft 2012 : profile un peu plus cidre au nez, malgré des notes de poivre blanc et de pain d'épice. Bouche concentrée, presque puissante, minérale. La longueur est très bonne et avec les sushis, ça fonctionne plutôt pas mal.

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Sylvaner Grand Cru Zotzenberg 2010 : vous le savez sûrement, mais le sylvaner n'est pas considéré comme "cépage noble". Du coup, il ne peut prétendre à l'appellation Grand Cru. Sauuuf sur le grand cru Zotzenberg (pour l'histoire du pourquoi du comment, c'est ICI ). Le nez est riche, dans un registre quasiment exotique. Le vin impose une belle présence en bouche et transmet des notes de sel, que la tourte de la Vallée de Munster (en accompagnant) n'offrait pas. Quelle matière, quel vin !

Riesling Grand Cru Wiebelsberg 2010 (en magnum) : nez délicat et parfumé sur le nougat et les fruits blancs. Bouche un peu en retenue, quoique citronnée, dotée d'une acidité juste. Grande profondeur et légitimité. Grand vin en gestation !

Riesling Stein 2008 : sous le gaz encore présent du à une refermentation en bouteille, se cache un vin compact, d'une grande exactitude et tonicité sur des saveurs de pierres et d'agrumes. Sans doute le plus grand vin que Jean-Pierre Rietsch ai fait d'après lui.

Klevener de Heiligenstein 2008 nature : nez superbe et complexe de poivre blanc, papier, presque tabac, épices. Bouche d'une grande droiture et pureté, à la fois puissante et sur la finesse. Grande longueur, incrachable, divin !

Gewurztraminer Vendanges Tardives 2011 : des notes de mandarine confite et de nougat blanc au nez. Du sucre évidement, mais supporté par une belle fraîcheur. Fin de verre complexe sur le tabac blond et le céleri. Très bon, surtout pour terminer cette soirée.

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Que dire des vins ? Sans pommade ni maquillage, ils ne tombent pas dans le caricaturale vin Nature, celui adulé du bobo aimant trainer dans les bars à vins branchés adeptes du cidre et de la pomme. A part deux bouteilles qui se goûtaient sur ce registre, les vins sont à chaque fois précis et chose importante, sans trace d'oxydation. 
Merci à Jean-Pierre Rietsch d'être venu nous rendre visite. Nous expliquer son domaine, sa philosophie et ses vins en terre normande fût un très bon moment et très instructif.

Domaine Rietsch
32, rue Principale
67140 Mittelbergheim

Tel : +33 3 88 08 00 64
@ : [email protected]

http://www.alsace-rietsch.eu/

 


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