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Un cerisier bien garni

Par Maigremont

Comme les femmes qui attendent chaque année les soldes, les hommes attendent le Tour de France, la Coupe du Monde, le 1er samedi du mois sur Canal + ;-), les p'tits gars de LPV Haute-Normandie attendent fin juin/début juillet avec impatience. Une fois de plus, nous allons nous mettre les pieds sous la table, qui elle même sera "sous le cerisier" de Vincent, Vougeot pour les intimes. Chose importante et immuable, le cerisier doit être rempli de cerises gorgées de soleil. Ca tombe bien, l'été 2010 est pour une fois au rendez-vous en Normandie et les températures sont à leur paroxysme.

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Notre petit groupe est heureux d'accueillir cette fois-ci 2 "Guests Stars" : Oliv, recordman du nombre de messages sur le forum. Sa vision est toujours juste, l'argumentaire sans failles. L'autre invité n'est pas des moindres, l'un des 7 mercenaires et créateur de ce formidable échappatoire aux corvées de vaisselles : c'est Anthony, qui d'un coup d'avion, nous rejoint depuis sa Suisse natale, via Airton Oliv. Bien entendu, le trajet se passe à merveille, puisque nous avons bien vérifié qu'il n'y avait aucune ambiguïté possible et pas de Sortie 32 à moins sur le chemin.

Nous partons faire un peu de tourisme. La visite de Rouen à nos hôtes est sublime : c'est grâce à l'expérience de notre archéologue d'envergure internationale (Vougeot) que nous pouvons découvrir l'impensable. Des recoins aux détails historiques chargés d'histoire, aux maisons issues du patrimoine de la "Renaissance Normande"... Comment habiter aussi près de Rouen et connaître aussi peu de choses ? En 2 heures, j'en ai appris bien plus qu'en 10 ans ! Merci mon Rougeot...

Le soir, c'est un tout autre combat qui commence : le cerisier est prêt, Vincent à la liste des vins dans sa

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poche. Les combats par paires peuvent commencer... Une précision : les 35 °c constatés en journée ont mis quelques heures à retomber en soirée. Une température correcte de service des vins a été parfois compliquée à maintenir et les vins se réchauffaient rapidement dans les verres. Les vins sont accompagnés du repas haute couture, préparé par Anne et Vincent.

Crevettes aux épices et à l'ananas, émietté de queues de lottes au gingembre citronné et coriandre fraîche.

1 - Touraine Sauvignon 2007 "Platine", domaine Gibault
2 - Crozes-Hermitage blanc 2004, Paul Jaboulet Ainé
Le Touraine est assez expressif et pour tout dire, je suis parti au début du côté de l'Alsace, tout comme Anthony qui vit en lui le Sylvaner idéal. Vif, sur des notes de citron vert et de poivron, l'acidité est dynamique et la finale assez longue porte une minéralité sous-jacente. Le Crozes blanc est un peu élevé au bois ça se sent, avec des notes de fruits blancs. Malgré un déficit d'acidité dans l'ensemble, la finale est harmonieuse et précise. Moins ma tasse de thé. Avantage d'un point de vue personnel pour le Touraine, dont la vivacité est bienvenue par cette chaleur.

Queues d'écrevisses à l'anis et tomates concassées, méli-mélo de saumon frais et fumé aux baies roses et aneth.

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Vincent lance un Quiz sur les suisses célèbres. Et quand on apprend qu'un lot viendra récompenser le gagnant, la tension monte subitement d'un cran !
Quelques questions extraites du quiz, dont vous trouverez les réponses tout en bas.

A - Sculpteur, peintre et dessinateur surréaliste. Son thème central est la représentation de l'être humain dans sa détresse existentielle. Il s'agit de ?
B - Chanteur, compositeur. Il écrit le Lundi au soleil pour Claude François. Des tubes discos comme I Love America en 1978. On l'aura reconnu

3 - Sancerre blanc 2008 "les Romains", domaine Fouassier
4 - Arbois 1989 "cuvée St Paul", Camille Loye
Le Sancerre a tout du vin que j'aime : belle maturité, tonique, riche, minéral. Fièrement, il s'exprime en bouche avec ses notes de poivre blanc, de pamplemousse et sa richesse n'a d'égal que la minéralité qu'il déploie en final. L'Arbois à ce stade est une petite erreur de casting de Vincent, la seule : il ne l'a pas fait exprès rassurez-vous. Café, curry, il me fait penser inévitablement aux vieux Amontillado que j'ai pu boire chez Toro Albala (de raisin de Pedro Ximenez). Et pourtant, point trop d'alcool. La longueur se fait sur de magnifiques amères. Pour ma part, je signe pour un match nul. Un Sancerre prometteur d'une belle constitution et un Arbois qui entame à peine son capital vieillesse, malgré 20 ans au compteur.

Lobe de foie gras cuit et noix de pétoncles caramélisées flambées au Calvados fermier

5 - Chassagne-Montrachet blanc 2001 1er Cru "Morgeot", domaine Bachelet-Legros
6 - Auxey-Duresses blanc 2007 1er Cru "En Reugne", Pierre Boisson
Le Chassagne me semble incroyablement souffré et n'offre pas grand chose d'intéressant, à part quelques notes de champignon et d'évolution. En revanche, l'Auxey est bien plus avenant : poivron, un grillé plaisant et pas trop appuyé, une belle tension minérale. Il y a du jus la dedans ! Net avantage à l'Auxey, avec un travail de réduction intéressant, même si le vin paraît un peu verrouillé par le soufre.

C'est terminé pour les blancs, place aux rouges

7 - Pernand-Vergelesses rouge 2000, 1er Cru "les Vergelesses", domaine Laleure-Piot
8 - Pernand-Vergelesses rouge 1990, 1er Cru "Ile des Vergelesses", domaine Rapet Père & Fils
On a affaire à deux vins qui semblent assez proches, à des stades d'évolution différents. Le premier, sur les petits fruits rouges et notamment la fraise poivrée, se montre un brin animal et d'une concentration moyenne. Le deuxième déroules sa structure autour d'un joli fil conducteur souple mais non lâche. Les arômes sont plus évolués avec cerise à l'eau de vie et réglisse comme réplique. 2 beaux vins, intéressants qu'il faut néanmoins commencer à boire.

2 ème série de question : Anthony, qui par un savant jeu de bonifications s'empare de la tête du quiz. Oui, Alain Delon est bien naturalisé suisse. De toute façon vous pouvez le garder, on en a pas besoin :-D

C - Physicien (théorie de la gravitation, relativité générale), prix Nobel de Physique en 1921 pour ses mérites en physiques mathématiques (attribué conjointement à l'Allemagne et la Suisse). Vous le savez tous c'est, c'est ?
D - Coureur cycliste, 1er au classement UCI en 1994, record du monde de l'heure en 94, vainqueur du Tour d'Italie en 95 et du Tour d'Espagne en 92, 93, 94. 4 fois sportif suisse de l'année. Il s'agit de ?

9 - Latricières-Chambertin 1977, domaine Louis Trapet & Fils : bu seul pour lui même, il aurait été dommage de tenter de l'opposer à autre chose. Un joli Pinot Noir avec beaucoup de dépôt, délicat, sans grande faille même s'il faut se rendre à l'évidence qu'il a dépassé son plateau de maturité. Mais peu importe, la magie des vieux Bourgognes rouges me séduira toujours : rose fanée, pivoine, une bouche légèrement sucrée. Un vin terrien, un vin terreux.

10 - Sancerre rouge 2000 "le Chêne St Etienne", Henri Bourgeois. Un chouille techno au nez (élevage poussé, mais pas écoeurant). C'est plus pragmatique en bouche, le vin est sérieux, consistant et l'équilibre subtil. Il termine long sur de beaux amèrs. J'aime beaucoup, au contraire de bien des Sancerres rouges.

Côtes de Boeuf à la braise, pommes de terres étouffées au thym et à l'huille d'olive.

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11 – Côtes du Ventoux 2005, Martinelle
12 – Coteaux du Languedoc rouge 2007, domaine de Montcalmès
Autant j'avais été séduit par Martinelle 2004, autant le 2005 est limite digeste : très très mur, un côté sucraillon qui ne me plait pas du tout. Puissant, l'équilibre me semble un peu hasardeux car l'alcool n'est pas intégré. Bof. Tout le contraire de Montcalmès, dont la plupart d'entre nous est parti sur une Syrah de belle facture : jolie matière élancée offrant une très jolie fraîcheur. Comme beaucoup, j'ai adoré.

13 – Brunello di Montalcino 1998, Quercecchio (Italie)
14 – Barolo 2001 Riserva Voghera Brea, Azelia (Italie)
Un match de catch : un bien beau Brunello qui affirme un caractère terrien et végétal  des plus intéressant. Une certaine mâche domptée par des arômes de cerise et qui finalement termine plus souplement. Le Barolo est un monument, une cathédrale ! Grande présence aussi bien au nez qu'en bouche, l'alcool ressort encore un peu, pourvu qu'on ne soit pas habitué à ce genre de vin, ce qui est mon cas. Les tannins sont fermes, mais quand tout s'équilibrera dans quelques années, nul doute qu'on sera face à un grand vin, car tous les ingrédients sont présents. 

Vincent ajoute quelques questions sur les suisses célèbres
E - Personnage de roman créé par Johanna Spyri, je suis devenu un personnage mythique de la Suisse. Je suis...
F - Président de la FIFA. Avec mon pote Platini, je refuse obstinément d'introduire l'arbitrage vidéo dans le football moderne. Je suis S...

15 – St Julien 1990, Château Talbot
16 – St Estèphe 1988, Château Calon-Ségur
Talbot est un très beau Bordeaux au plaisir garanti, qui a su bien évoluer et qui touche sa maturité optimum à mon avis. Feuilles de sous bois humides, menthol, sève de pin, l'ensemble est suave et la bouche féminine, tout en élégance. Calon monte d'un cran en terme de puissance et de réserve. Je lui ai trouvé plus de jus, malgré une austérité plus importante et jamais je ne lui aurai donné ses 22 ans !  Encore un beau match

L'assemblée est intenable quand les fromages affinés font leur apparition et il y a de quoi : Estivaz fruitier, Gruyère 28 mois de Suisse, Comté 12 mois, Camembert AOC, Livarot affiné au calvados, Neufchâtel fermier, crottins de Chavignol, bleu des Causses. Un vrai festival de gastronomie européenne !

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17 – Château-Chalon 1997, Jean Macle
Un millésime supposé abordable, mais quand on sent ce qu'il y a dans le verre, c'est tout simplement génial : la patte Macle parle de nouveau avec ce mélange si particulier de subtilité, de fausse puissance et d'évidence. Moins complexe que d'ordinaire, on sent cependant les arômes de figue et d'épice qui prennent possession de la bouche. 

18 – Sarr Scharzhofberger 1997, Riesling Kabinett Halbtrocken, Reichsgraf Von Kesselstatt (Allemagne). Un gazouilli salvateur, ça pétrole, c'est vif mais rien noté de particulier si ce n'est cette facilité à boire ce genre de vin du à son faible taux d'alcool.

19 – Tokaji Aszú 1993, 6 Puttonyos, Disznókő (Hongrie). Très belle couleur acajou. Raisin de Corinthe, rhubarbe, concentré et une belle acidité qui porte le tout. J'ai bien aimé. 

20 – Valais 2006, Grain Noble, Clos des Corbassières « Cœur du Clos », domaine Cornulus (Suisse)
21 – Valais 2006, Grain Noble de Marsanne Blanche, Cave le Liaudisaz, Marie-Thérèse Chappaz (Suisse)
Gros match qui vient conclure cette charmante soirée. Les deux annoncent d'emblée de grosses liqueurs. Même si j'ai beaucoup aimé le Chappaz (un peu de volatile, caramel au beurre salé, abricot), j'ai eu un gros coup de cœur pour le Cornulus et sa complexité : foin, café, orange confite, fleur d'oranger. Même s'il possède moins d'acidité que le Grain Noble de MTC, son élégance m'a vraiment touché, mais encore je persiste à dire que ce sont 2 magnifiques vins.

Bah voilà, que dire de tout ça ? Que nous partons repus, chargé de saveurs et de bonne humeur. C'est bien Anthony qui a gagné le Quiz, heureusement pour lui. Merci au cerisier, au beau temps, aux invités et surtout à Anne et Vincent pour leur accueil, comme toujours au TOP. Le lendemain, le BBQ sera de sortie chez Pierre, pour quelques autres bouteilles... 

A Alberto Giacometti (1901 - 1966), B Patrick Juvet (1950 - ), C Albert Einstein (1879 - 1955), D Tony Rominger (1961 - ), E Heidi, F Sepp Blatter (1935 - )

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